Extrait du journal

•OMME celui de Nice, le carnaval d’Athènes attirait naguère les foules. La ville prenait, à la veille du carême, un joyeux visage. Durant plusieurs jours, ses rues se bariolaient de maints travestis. On passait les nuits à danser. La fête se terminait par des défilés de chars sur des parterres de confetti. C’était voilà presque dix ans. Finis, depuis, les tourbillons de serpentins. Il y a eu la guerre et l’wvasion. fl y a, aujourd’hui, des guérillas, une commission d’enquête. Athènes n’a pas connu cette année d’autre carnaval que les discours de ces messieurs. Ils s’étalent installés dans un vilain building dont le nom seul est un sacrilège : l’Acropole -Hôtel -Palace. Que ne sont-ils allés siéger une fois au moins sur le rocher de l’Aréopage où jadis on rendait la justice ! Que ne sont-ils montés sur l’Acropole ap prendre de quel marbre les anciens construisaient des Parthénons capables de défier les siècles ! Us doivent, eux aussi, rendre la justice, cependant. Ils doivent, eux aussi, faire du durable, du solide. L’oseront-ils ? Le sort de la nouvelle organisation internationale dépend, pour une bonne part, de leur courage.. Comme l’échec de la S.D.N. a trouvé sa source première dans le mauvais règlement de l’affaire de Corfou, en 1923. A cette époque, Genève avait condamné la Grèce à payer des dommages à l’Italie, son agres seur. Fâcheux précédent dont la leçon ne doit pas être oubliée. Quel crédit pourrait avoir l’O. N.U. si elle écrase les faibles ou si elle ne sait rendre une sentence urgente qu’après des semaines et des mois ? C’est pourtant clair. La Grèce vit des heures doulou reuses. Une partie de ses citoyens, assez faible d’ailleurs, s’est dressée contre l’autre. Elle met le pays à feu et à sang. Ces rebelles sont-ils aidés par leurs amie des pays voi sins ? Le gouvernement grec en est persuadé. H a demandé à l’O.N.U. d’enquêter. Le conseil de Sécurité a donc désigné une commission. H l’a charf[ée de déterminer ai oui ou non es rebelles grecs sont soutenus de l’extérieur. Créée le 19 décembre, cette com mission d'enquête n’est arrivée que le 30 janvier à Athènes. Elle devait y rester quelques jours seulement, puis se rendre sur les lieux. Elle y a piétiné plus de trois semaines....