Extrait du journal

l’aspirateur ou la machine à laver ? Je ne voudrais pas faire de peine aux marchands d’appareils ménagers, mais je ne m’aperçois point que leurs inventions déchargent de beaucoup les maîtresses de maison. Et quant à la cuisine, j’ignore ce qu’en peuvent penser les étrangers, mais l'estomac du mari français se refuse à absor ber deux fois par jour du jambon neau et de la salade alternés avec des petits pois en conserve. (Notez que j’énumère un menu de choix, fort éloigné des charcuteries populaires.) Quant aux enfants, je n’ignore pas que, dans la société nouvelle, leur... élevage (ce mot, dans l’espèce, con viendrait mieux que celui d’éduca tion), leur élevage se fera comme le reste, en série. Des puéricultrices di plômées suppléeront les mères, avec avantage même, grâce à leur science et à l’expérience qu’elles ne manque ront pas d’acquérir. L’enfant passera de mains en mains, selon les âges, ignorant, ou à peu près, l’ctre qui lui aura donné la vie et qui pourra ainsi poursuivre librement le complet développement de sa personnalité. Ne dites pas que je vais trop loin. C’est bien cela que vous rêvez. Car vous voulez le bien des femmes, vos sœurs, et je ne suppose point que vous souhaitiez pour elles ce supplice de tous les jours qu’est la vie d’une mère qui travaille. Supplice, dites-vous ? Ah ! pour cela oui, et je ne me lasserai point...