Extrait du journal
LA DOUCEUR DES FORTS ON nous avait dit que le départ de l'armée allemande, de ce qu'on avait l’audace d'appeler « le» armées européennes », donnerait le lignai de la guerre civile. On nous avait dit qu’il y aurait des morts par milliers, que le déchaînement de la « populace » ré pandrait le sang à flots. On nous avait dit que l’armée allemande était le seul barrage possible entre l'ordre et l'anarchie. Paris comme toute la France s’est dressé pour combattre. Les memes barricades tant de fois édifiées aux heures dramatiques de notre histoire et les mêmes mains pour les édifier... Seulement, cette fois, toute la Nation était du même côté. Gavroche et le sergent de ville, l’insurgé et le bourgeois s'étaient réconciliés au service de la Patrie. Il y a une merveille plus grande encore. La voici : un pays qui a entre les mains allemandes des prisonniers et des déportés par centaines de milliers, un pays où cinquante mille hommes sont tombés sous les balles allemandes, un pays trahi pendant quatre ans par le soi-disant « Etat » soi-disant « français », qui avait pris à tâ che de lui aménager la tranquillité des lâches, un tel pays a su mon trer à un degré qu'aucune histoire au monde n’a jamais atteint les deux caractères qui signalent la grandeur : le courage et la eléDes voitures sillonnent nos rues, pleines d’hommes en armes, et qui n’ont pas d’uniforme. Des traîtres, des bandits, la lie de l'Europe et les Allemands les plus infimes continuent de tirer du haut des toits sur les femmes et sur les enfants isolés. Et pourtant, dans la Patrie des barricades, dans la mer du tumulte, dans cette grands ville indomptable vers laquelle regardent avec inquiétude depuis toujours les fauteurs de la tyrannie, il n’y a pas eu d'excès, il n’y a pas eu d'exécutions sommaires, rien ne s'est produit de ce qui nous avait été annoncé par les traîtres, dans la peur et dans la haine. La douceur des forts, la magnanimité des vainqueurs a dépassé l'espoir et la vraisemblance. Le sang qui fut versé a été le sang des combattants. Des hom mes qui avaient été attaqués pat derrière, des hommes dont les proches (parfois la mère, la sœur ou l’épouse) avaient été abattu* ou torturés, ont protégé et ramené sains et saufs entre les mains dus autorités régulières non pas seulement les combattants enne mis, mais même ces compatriotes indignes qui au grand jour de l’allégresse publique ont commis le crime de tirer sur la Nation. La grandeur, la noblesse, la générosité d’une telle attitude, conformes à l’esprit de la Résistance, sont sans exemple dans au cune histoire humaine. La capitale et le pays ont prouvé que le monde ne pouvait pas se passer de nous. Ils l’ont prouvé deux fois. Par le sang qu’ils ont verse pour la libération, le plus pur sang de France. Ils l’ont prouvé par le sang qu’ils n’ont pas versé, quoique impur. Ces vainqueurs étaient maîtres d'eux-mêmes. La France est une humaine Patrie. Georges BIDAULT....
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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