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L’Aurore, 18 mars 1900

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L’Aurore
18 mars 1900


Extrait du journal

Le gros journaliste est un personnage considérable et qui sait quelquefois l'orthographe. Il ne la sait pas toujours, son importance ne procédant pas nécessairement do sa littérature. I,a presse a, en effet, son aristocratie de naissance, comme elle a ses barons d'affaires et ses parvenus de lettres. De ces différents mondes, et d'autres encore, sortent de puissants mandarins et de redoutables pontifes, devant qui tremblent les gouvernements et minaudent les duchesses. Au-dessus des besoins vulgaires, le gros journaliste ignore ia chasse à l'emploi et celle, non moins lamentable, à la pièce de cent sous. Des familiers complaisants lui donnent du « cher maître '», et d'humbles collaborateurs vivotent en lui servant de repoussoir. La typographie elle-même a pour lui des tendresses. A son article - quand il en fait - elle réserve des caractères spéciaux, largement interlignés, et de majestueuses signa-, tures. Riche, puissant, honoré, adulé-, redouté, sollicite, le gros journaliste est un homme heureux. Saluons !...

À propos

Transfuge de L’Intransigeant, Ernest Vaughan fonde en 1897 L’Aurore. Cet organe républicain de tendance socialiste est d’abord animé par Georges Clemenceau. Son départ en 1906 réduit largement l’audience du journal. Il cesse de paraître en 1914. C’est en Une de L’Aurore qu’Émile Zola publie son célèbre article « J’accuse...! » le 13 janvier 1898.

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