Extrait du journal

; Je ne parle pas, bien entendu, des pneumatiques, des phares, des bougies, des divers systèmes d'avertisseurs, qui font en quelque sorte partie intégrante de l'automobile ; je ne parle pas davantage des hôtels, des restaurants, des guinguettes, qui, délaissés autrefois, ont repris depuis quelques années une vitalité précédemment inconnîæ. Pour ces étàbliase.ments, l'automobile a été le prince Charmant des contes de Perrault, qui a tiré de leur léthargie les bêtes et les gens qui semblaient plongés pour toujours dans un éternel sommeil. Mais si nous descendons plus bas dans l'échelle des petites industries, si nous examinons certaines branches du petit comimierce, nous sommes frappés du développement pris par certains trafics dont certes, _ il y a quelques années, on n'aurait jamais pu prévoir l'importance. Au premil8r rang des objets qui donnent lieu aujourd'hui à un chiffre d'affaires 0Q\nsidérable, il faut tout d'abord citer la carte postale. Je ne dis pas que cette modeste gravure à la portée de toutes les bourses doüvt8 son existence à la seule industrie automobile ; mais il est certain qu'il y a entre la façon dont on circule aujourd'hui et la vulgarisation de' la carte postale un rapport étroit. Quand, il y a quelques années, on faisait un voyage, on avait recours à la traditionnelle voie ferrée ; le soir, en arrivant, on griffonnait à la hâte un petit mot pour dire à sa famille qu'on était arrivé à bon port ; mais quels détails pouvait-on donner sur les endroits parcourus au cours de la route ? Le train impitoyable brûlait les étapes sans rien laisser voir au voyageur. Celui-ci cherchait bien, parfois, à jeter par la fenêtre un regard investigateur, mais les arbres, les maisons, les montagnes, , défilaient devant lui comme dans une immense lanterne magique, et en dehors des grandes villes où il s'arrêtait, il ne connaissait rien du pays parcouru....