Extrait du journal

avec leurs accessoires curieux, chapeaux haut de forme, robes tailleur, jupes longues, jaquettes revers. La journée du bourgeois parisien était-elle sportive ? Il lui fallait sortir de chez lui dès le matin, monter des escaliers sans ■ ascenseurs, entrer dans le salon des vieux de sa famille en faisant des mouvements d'assouplissement, et leur apporter des sacs de chocolat qui se devaient d'être importants. Il en emportait, du reste, des cadeaux pour ses enfants. Encombré de jouets et de livres, porteur de kilos de marrons glacés, il faisait la course aux sapins, dont les cochers le regardaient de travers s'il ne leur offrait pas un bon pourboire de vingt sou-s. L'heure coûtait deux francs. On hésitait à prendre une. voiture. Tout le monde avait des principes d'économie. On p. allait pas au dancing. Le bourgeois don- 1 nait la main à ses enfants et sa femme prenait son bras. Il embrassait sa belle-mère et ses tantes aux cheveux bouclés et gris. Chacun se congratulait d'être le premier janvier comme si ce but avait été atteint grâce à un tailent personnel et collectif. C'était ridicule et charmant. Le soir, on jouait au domino....