Extrait du journal

Le conflit anglo-allemand, après avoir atteint, la semaine dernière, un degré d’acuité qui laissait peu ,l’espoir à une solution pacifique, est entré de nouveau dans la voie des négociations diplomatiques, il faut féliciter de cet acte de haute sagesse le gouvernement du vieil empereur Guillaume. Sans doute, l’orgueil allemand a été rudement atteint, sans d cule, les manifestations espagnoles s’attaquant à l’ambassade allemande et déchirant le drapeau de l'Empire ont dû désagréablement bourdonner aux oreilles du vainqueur de l'Autriche et de la France. Mais le souverain allemand s’est demandé ce qu'il gagnerait d’un côté, ce qu’il perdrait de l'autre, dans une guerre avec l'Espagne, et il a reconnu que la possession de quelques récifs perdus dans le Pacifique ne pouvait entier en compensation avec une lutte peut-être longue et appelée à dépenser beaucoup d hommes, beaucoup d’argent. Les premiers torts étaient du côté de l’Allemagne ; elle reconnaîtra donc ces torts. Il n’est point ici question de reculade honteuse, ni de l’Espagne avant fait trembler le colosse allemand ; non, l’Allemagne estime tout simplement qu’une guerre avec les Espagnols serait sans profit pour elle, et elle ne fait pas cette guerre, voilà tout. Combien nos gouvernants devraient prendre exemple sur nos vainqueurs et ne point prolonger, par leur entêtement, des expéditions lointaines qui nous coûtent encore plus cher que n’eût coûté à I Allemagne une guerre avec le peuple espagnol !...