Extrait du journal
Ne peut balbutier distinctement ce verbe ! Il est ! il est ! il est ! il est éperdument ! Tout, les feux, les clartés, les cieux, l’immense [aimant, Les jours, les nuits,itout est le chiffre ; il est la [somme. Plénitude pour lui, c’est l’infini pour l’homme. Faire un dogme, et l’y mettre ? ô rêve ! inventer [Dieu ! Il est ! contentez-vous du monde, cet aveu ! Quoi ! des religions, c’est ce que tu veux faire, Toi, l’homme ! ouvrir ies yenx suffit ; je le pré fère. Contente toi de croire en lui ; contente toi, De l’espérance avec sa grande aile, la foi ; Contente toi de boire, altéré, ce dictame ; Contente toi de dire : — Il est, puisque la femme Berce l’enfant avec un chant mystérieux ; Il est, puisque l’esprit frissonne curieux ; Il est, puisque je vais le front haut ; puisqu’un [maître Qui n'est[pas lui, m’indigne, et n’a pas le droit [d’être ; Il est, puisque César tremble devant Patmos ; Il est, puisque c’est lui que je sens sous ces mots : Idéal, Absolu, Devoir,-Raison, Science ; Il est, puisqu’à ma faute il faut sa patience, Puisque l’âme me sert quand l’appétit me nuit, Puisqu’il faut un grand jour sur ma profonde [nuit ! Il luit mystérieux dans un tourbillon d’astres ; \ Les brumes, les noirceurs, les fléaux, les désastres Fondent à sa chaleur démesurée, et tout En sève, en joie, en gloire, en amour, se dissout ; S’il est des cœurs puissants, s’il est des âmes [fermes, Cela vient du torrent des souffles et des germes, Qui tombe à flots, jaillit, coule, et. de toutes parts, Sort de ce feu vivant sur nos tètes épars. Il est ! Il est ! Regarde, âme. Il a son solstice, ; La conscience ; il a son axe, la justice ; i II a son équinoxe, et c’est l’Egalité ; | Il a sa vaste aurore, et c’est la Liberté ; I Son rayon dore en nous ce que l’âme imagine, i II est ! il est ! il est ! sans fin, sans origine, Sans éclipse, sans nuit, sans repos, sans som[meil. Renonce, ver de terre, à créer le soleil. Ainsi, l’affirmation d’un mystérieux et éternel principe, duquel tout émane, à qui tout revient, en qui tout se fait, vit, se meut ; affirmation d un Dieu en dehors duquel il n’y a rien ; et que les dogmes et les systèires sont impuissants à définir, telle est la pensée philosophique et reli gieuse de Victor Hugo, parvenu à ce haut sommet d’une existence remplie par près de quatre-vingts années de génie. Ce livre pourra être discuté comme est discutable toute œuvre philosophique. On ne contestera pas. croyons-nous, que Vic tor Hugo s’y est posé lui-mêm dans cette grandeur d’attitude et de majesté que Mich*T-Ange a donnée à sa colossale, statue de Moïse : c’est bien ainsi que nous le voyons et que la postérité 3e verra, la main fermement posée sur l’œuvre tracée par...
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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