Extrait du journal

Le Courrier du Maine n’a pas encore pu digérer l’échec de son candidat dans fa lre circonscription de Mayenne, et il se frotte encore les côtes de la rude vei'dée qu’il a reçue le 20 août. Dans son dernier numéro, le journal réactionnaire reproduit la circulaire suivante qui a été distribuée et.perett11, placardée dans les dernière jours de la période électorale. Mes chers amis, Voulez-vous revoir : La Chouannerie ; Le pacte de famine et les accapareurs de blé ; La dîme et les corvées ? Voulez-vous désobéir aux ordres formel» que le Souverain-Pontife rient de donner aux vrais catholiques ? Voulez-vous la suppression du suffrage universel et le renversement de l’ordre établi T Voulez-vous, enfin, vous soumettre aux nobles ? Votez alors pour le comte A. db Robibn. Si, au contraire, vous voulez rester des hommes libres, Si vous croyez que la France a besoin de repos et d'apaisement, Si. comprenant vos propres intérêts, vous voulez avoir un député capable de vous ren dre des services, un représentant autorisé et influent près l'administration et des pouvoirs publics ! Votez pour M. RENAULT-MORLIÊRB Un Conservateur Républicain. Là-dessus, le Courrier se voile la face et voue tous les républicains de l’arrondissement de Mayenne à l’indi gnation des honnêtes gens ! Il est vraiment beau dans ce rôle là 1 Lui qui voit des panamistes partout, quoique, personnellement, il ait un Barouille dans l’œil ; lui qui, chaque semaine, traite les républicains de vendus, de brigands, d’assassins et de voleurs, le voilà qui se fâche parce qu’on lui fourre le nez dans son propre monarchisme, et il pousse des cris comme un vieux chat-huant troublé dans sa sieste par un rayon de soleil ! Le conservateur républicain doit bien rire. Il a touché juste : et, ce doit être pour lui une douce joie, joie exempte de tout remords, que de voir l’état de rage dans lequel il a plongé ce pauvre Courrier. Qu’a-t-il fait cependant, sinon résu mer les débats et rappeler en quelques phrases saisissantes les souvenirs que la monarchie a laissés dans ce pays ? A ces défenseurs attitrés de l'ordre, il est bien permis de parler de la chouannerie, à deux pas du bois de Mésidon ou les Chouans accomplirent leurs premiers exploits. A ces protecteurs patentés de l’agri culture, il est bien permis de rappeler le pacte de famine que conclut un de leurs rois, et les dîmes et les corvées dont ils accablaient le malheureux paysan alors-qu'il était encore taillable et corvéable a merci. A ces courtisans du suffrage univer sel, il ast bien permis de dire que leur premier soin, s’ils étaient les maîtres, serait de mutiler le droit de suffrage. A ces catholiques qui se prétendent les seuls orthodoxes,il est bien permis de lire la lettre par laquelle te pape condamne ces hommes qui « entraînés «par l’esprit de parti se servent d’une « apparence de religion comme d’un « bouclier pour faire plus sûrement « opposition au pouvoir public depuis « longtemps établi. » Le souverain pontife a voulu chasser les vendeurs du temple et renverser les tréteaux où se débitaient tous les boniments intéressés dont la politique seule profitait et dont la religion,en fin de compte, payait tous les frais. Il a voulu que désormais la religion « ne fut plus mêlée aux luttes des pas« sions humaines et aux compîica« lions trompeuses de la politique, et « qu’elle gardât sa place au-dessus des « incidents humains. » Le Courrier ferait bien de lire et de relire cette lettre; elle est instructive surtout pour lui....