Extrait du journal

LAVAL LE 13 JUIN 1881 L’importante question de renseigne ment obligatoire et laïque a été tranchée au Sénat. Lo principe de l’obligation a été adopté, malgré les efforts du duc de Broglie, qui a longuement défendu un amendement tendant à substituer les mots : « instruction morale et religieuse » aux mots : « instruction morale et civi que » qui figuraient dans l’article 1er di: projet. L’ancien ministre du 16 mai a réédité les arguments sans valeur et les phrases creuses quo tous lùs orateurs cléricaux avaient débités avant lui sur ce sujet. Il était difficile, il est vrai, de défendre une cause mauvaise, qui a contre elle le bon sens et le principe d’égalité. Car la liberté de l’enseignement telle que l’en tendent les cléricaux ne serait qu’un mo nopole au profit de l’église catholique et l’asservissement des consciences. M. Jules Ferry a fait ressortir d’une façon évidente ie but poursuivi par les amis de M. le duc de Broglie, et soutenu avec autant de vigueur que de talent les principes de l'enseignement obligatoire ) et laïque qui est, quoi qu'en disent les 1 partisans de l’ignorance obligatoire, lo j mode d’enseignement qui convient à une j nation démocratique. Ils ont beau répéter que l’on veut des écoles sans Dieu, des * écoles où entrera la politique du gouver- j nement. Personne n’est dupe de ces gros- j siëres facéties. On ne chasse pas Dieu de \ l’école, mais ou la soustrait à la domina- * nation du clergé, et l’on a raison. L’école i ne doit pas être la succursale de l’église, f ni l’instituteur le factotum du curé. Quant à l’accusation de faire entrer la j politique dans l’école, elle n’a pas plus de fondement que la précédente. M. Jules I Ferry a fort bien démontré qu’il est abso lument interdit à l’instituteur de se mêler de politique. Il sied vraiment bien aux cléricaux d’adresser ce reproche à la ; République. Oublient-ils donc que dans leurs écoles on enseigne le mépris du gouvernement et des institutions répu blicaines, et que les livres que l’on met entre les mains de la jeunesse sont écrits dans un esprit de parti à la façon de : Rodriguez? Est-ce que cela ne s'appelle pas introduire la politique dans l'école? Non, encore une fois, la République ne ’ veuf pas que la politique pénètre dans ; l’école. Mais, oserait-on en faire un crime i...