Extrait du journal
le sang et dans la guerre civile semble un mauvais souvenir d’une autre époque. Ce n’est, hélas 1 que l’aboutissement logique d’une série de faiblesses et de capitulations devant l’émeute, tantôt déguisée et tantôt ouvertement organisée. Ayons le courage de considérer de front les difficultés qui résultent des luttes poli tiques exaspérées en ces derniers temps. On ne connaît plus de frein ni de mesure. Aux chefs des partis avancés d’aviser dans leur propre intérêt et de faire entendre raison à leurs amis. Au gouvernement de secouer sa torpeur, de s’affranchir davan tage des révolutionnaires, et de rendre à tous la confiance en montrant qu’il a cons cience de ses devoirs et qu’il ne cède pas systématiquement aux arrogances de l’é meute. Le blocus d’une usine à Limoges (Dépêche du correspondant du Temps) Limoges, 8 mai. L’usine Beaulieu est soumise à un véritable blocus. Onze personnes dont quatre enfants s'y trouvent enfermées et dans l’impossibilité de communiquer avec le dehors, même et surtout avec les fournisseurs, qui, je vous l’ai dit hier, ne peuvent franchir le cordon de sentinelles établi par les grévistes. Une entrevue provoquée par le maire, M. Labussière, devait avoir lieu lundi à trois heures à l'hôtel de ville entre les délégués ouvriers et M. Beaulieu lui-même. Ce dernier, prévenu téléphoniquement, dut avertir de même M. La bussière qu’il lui était impossible de se rendre à la mairie, les ouvriers s’opposant à sa sortie. M. Labussière informa alors l’industriel qu’il irait le prendre lui-même à son domicile. Effectivement, à deux heures, le maire de Limoges arrivait devant l’usine où l’avaient pré cédé le commissaire central et un commissaire de police. Il dut pour se faire ouvrir la porte parlementer avec les grévistes, et affirmer qu’il venait chercher M. Beaulieu seul, pour le con duire à l'hôtel de ville où devait avoir lieu une entrevue entre leurs camarades délégués et le patron de l'usine. Moyennant cette promesse, le maire put pénétrer dans l’usine où il se trouva en présence de M. Beaulieu et de sa famille. Ceux-ci lui firent constater qu’ils man quaient de vivres et le prièrent d’envoyer cher cher du pain pour lés enfants qui n’avaient pas encore déjeuné. Un agent se rendit immédiate ment chez un boulanger. M. Labussière, sur ces entrefaites, était parti avec M. Beaulieu, quand, à quelques pas de l’usine il constata que les grévistes s’opposaient à l’entrée des provisions, consistant en quatre pains de deux kilos et un peu de viande. Le maire revint sur ses pas et de nouveau parlementa avec les assiégeants. Peine perdue, les grévistes ne consentirent à laisser entrer qu’un seul pain. Aux raisons invoquées par le maire, rappe lant la présence de plusieurs enfants dans l’usine, les grévistes répondaient : — Nous aussi nous avons faim. — Venez à la mairie, disait alors M. Labussière, on vous en donnera. Ses prières ne furent pas écoutées, non plus que sa menace de donner sa démission, et la famille de M. Beaulieu dut se contenter de deux livres de pain que les grévistes voulurent bien lui laisser parvenir. L'entrevue projetée à la mairie eut lieu dans l'usine même. Elle n’a pas abouti, les ouvriers maintenant leurs revendications. Dans la soirée, un nouvel incident scandaleux a marqué le blocus de l’usine Beaulieu. Le jeune Betoulle, âgé de treize ans, fils des con cierges de l’usine, qui était sorti ce matin pour chercher du lait destiné à ses petits frères, a été frappé si brutalement par les grévistes qu’il a eu deux côtes fracturées. Or, ce soir, les as siégeants ont refusé le passage au médecin qui venait visiter l’enfant. Il a fallu l’intervention du maire pour que le docteur Descazal pût en trer visiter le blessé....
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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