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L’Avenir de la Mayenne, 18 mai 1919

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L’Avenir de la Mayenne
18 mai 1919


Extrait du journal

Les dernières manifestations socialistes auront eu pour effet de mettre en pleine lu mière les véritables tendances du parti et le but que poursuivent les hommes qui le diri gent. Examinons les résolutions adoptées par le dernier congrès. Nous trouvons d'abord une motion du dé puté Longuet invitant les camarades à re mettre en vigueur les principes de la « lutte de classes et d'opposition irréductible aux partis et gouvernements bourgeois, et à orien ter l’Internationale vers la révolution sociale, à l’exemple de la Russie, de la Hongrie et de... l’Allemagne », c’est-à-dire vers le Bol chevisme, avec lequel il est recommandé d’entretenir des relations « fraternelles ». C'est édifiant. Voici, d’ailleurs, la formule qui a été votée par le Congrès : « Contre la société capitaliste, responsable de la guerre, pour la destruction totale du militarisme et pour l’affranchissement des travailleurs par l’établissement de la produc tion et de la propriété collectives, il fait appel, avec le dessein d’employer toutes les forces possibles d'action, à la force révolutionnaire du prolétariat. » Au point de vue social, c’est donc la lutte de classes, la dictature du prolétariat, l’appel à la force brutale, la suppression de la pro priété individuelle, l’entente fraternelle avec Moscou, avec Berlin, la révolution sociale, que recommande le Congrès. Au point de vue national, voyons mainte nant quelle sera la politique générale du parti. La motion suivante a été votée : « La République française devait une paix honorable et juste à la République alle mande... « Le Parti socialiste tend une main frater nelle au peuple allemand. Il stigmatise les prétentions écrasantes qui, sous prétexte de réparations matérielles, ne tendent à rien moins qu'à réduire en esclavage le peuple allemand par la prolongation odieuse de la détention des prisonniers de guerre, établis sement de servitudes économiques démesu rées, réclamations d’indemnités accrues jus qu’à l'absurde. » Quelle scandaleuse indulgence, quelle ten dresse singulière pour les Allemands ! Que penseront d’un pareil langage nos compa triotes du Nord et de l’Est devant leurs foyers en ruines et leurs champs dévastés ? Que diront nos prisonniers à peine échappés des géhennes allemandes ? Ce n’est pas eux que l’on plaint dans cette motion, mais les prisonniers ennemis ! Tendre la main au peuple allemand, aux assassins de nos femmes, de nos enfants, aux vandales qui ont tout détruit ou tout volé sur leur passage, quelle honte ! Alors il suffit que ce peuple atroce se soit mis en République — et encore, n’est-ce pas une comédie ? — pour que la France oublie tout et lui tende la main ? Qu’un homme comme Longuet qui a une cuisse allemande approuve de semblables énormités, on peut le comprendre, mais les autres ? Ce n’est pas tout. Les débats du. Congrès socialiste ont révélé un état d’esprit absolu ment anti national, anti français. Un orateur révolutionnaire a osé dire que a nous traînons après nous le boulet de la victoire », que « la victoire a empoisonné notre pays » et « qu aussi longtemps que le poison de la vic toire n'aura pas été éliminé, il sera difficile de tenter un mouvement révolutionnaire et de réussir. » La France empoisonnée par la victoire, voilà donc enfin l’explication de ce qu’on a appelé le défaitisme. Il est avéré désormais que les socialistes en majorité souhaitaient la défaite de la France, ptree qu elle devait leur permettre de faire plus facilement la révolution. On comprend maintenant pour quoi le parti réclamait avec tant d insistance une paix sans victoire- La victoire était l’obs tacle, l’obstacle à la révolution. Dans une réunion socialiste récente, on a osé discuter cette question : Aurait-il été pré férable que la France fût vaincue ? Et, au lendemain de la remise des conditions de paix aux Allemands, le journal l'Humanité déplore que la population « incontestablement allemande », dit-il, de la Sarre soit « arra chée par la violence à I Allemagne ». Bien plus, la feuille socialiste ajoute ceci : En tout cas, dès maintenant, au nom du droit des peuples, nous souhaitons que les Allemands du bassin de la Sarre aient assez d’héroïsme pour résister aux efforts de la violence et de la corruption et qu’ils gardent intact leur sentiment national. De toutes nos forces nous les aiderons, nous les appuie rons dans leur lutte comme nous appuyons tous les peuples opprimés. Notons que la population de la Sarre a été française, depuis 1661 jusqu à 1815, que Sarrelouis fut fortifié par Vauban en 1681 et que celte ville est la patrie du maréchal Ney. Voilà ce que l'Humanité, appuyant la thèse de nos ennemis, appelle une « popula tion incontestablement allemande » et cori sidère comme un « peuple opprimé ». Le journal socialiste n çvait Pas plaidé avec tant de chaleur la cause de 1 Alsace-Lorraine et des régions occupées du Nord et de I Est de la Francfc. Nous croyons qu on ne saurait aller plus loin dans cette voie. Cette façon d encourager les Allemands à la résistance et de leur pro mettre l'appui des socialistes français com mence même à toucher au crime de haute trahison....

À propos

Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.

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