Extrait du journal

Un duel eut pourtant lieu entre M. Clémenceau et M. Poussargues. Le commandant fut blessé à la jambe. : Porté aux élections du 26 mars, M. Clémenceau ne fut pas élu, et, après avoir pris une grande part aux tentatives de conciliation entre le gouvernement de Versailles et la Commu ne, il donna sa démission de maire et de représentant, et rentra momentanément dans la vie privée. ; D abord membre du Conseil municipal de Paris, puis président en 1876, il se fit remarquer dans les discussions relatives à I instruction publique et aux finances. Élu député, en 1876par son arrondissement, il le fut de nouveau en 1877 et en 1881. Enfin, ayant obtenu [aux derniè res élections générales une double nomination, à Paris et dans le Var, c'est pour ce dernier département qu’il opta. . Comme on le voit, à peine âgé de quarante-six ans, M. Clémenceau a déjà fourni une am ple carrière. ; Voici le portrait que fait de lui le Xational : * Energique et résolu, sans se soucier des ministres et des portefeuilles dont jl jonche sa route, il va droit son chemin, rapide, implacable et brutal, comme le boulet dont sa tête a la forme et dit-on la dureté. Ronde,tondue,elle est coupée de deux sourcils épais et d’une moustache noire qui couvre la bouche et en accentue l’ironie cruelle. Le corps svelte, l'allure nerveuse, il marche ses dis cours autant qu’il les parle. j A la tribune, il arpente l’étroit espace, les mains dans ses poches ou l’index menaçant, ha chant ses phrases, les soulignant d'un geste rare et sec, comme une riposte de boup d'épée, en les lançant au visage de ses adversaires, comme des balles. ; Son éloquence tranchante et cassante, en harmonie avec ses allures, est pénétrante et nue comme l’acier. Il met de la coquetterie à ne la point parer. M. Clémenceau aime la musique, et le coup de feu, on il excelle. Il se plaît à l’Opéra et à la chasse. Ici et là, il fait des victimes parmi les échassiers. Il a la même adre'sse au ma rais natal et parlementaire. ; Espérer de ce batailleur convaincu, sinon convaincant, des transactions en vue du pouvoir, à son profit ou au profit de ses amis, serait compter sans l'entrainement de dix^sept années de radicalisme comme chef de parti et sans la volonté, d'aucuns prononceront : l'entêtement de l’homme né en plein Bocage. Y a-t-il dans ces qualités, dans ces aptitudes,celles qui conviennent à un chef de gouverne ment / M. Jules Grévy nous le dira bientôt, en même temps qu'à M. Clémenceau, vers lequel il n'est pas entraîné, dit-on, par un penchant très vif. *...