Extrait du journal

Ah! vous ne voulez point parler de politique aujourd’hui. Elle vous prend bien, celle que vous aidez, elle vous prend à la gorge et à la bourse... 15-** Il va être, hélas! question assez pro chainement d’élection dans notre canton et l’on ne voit point la perspective d’une période de ce genre sans en éprouver un certain haut-le-cœur trop justifié. Ces consultations populaires qui remuent toutes les boues du régime en dégagent les miasmes malfaisants. Je prétends qu’après chacune de ces ambitieuses courses à un mandat quelconque il flotte quelque chose de moins respirable dans l’atmosphère ambiant. ' 1 Il y aurait, parait-il, des compétitions nombreuses et difficiles à mettre d’accord quoiqu’il faut le reconnaître, la discipline républicaine soit en général fidèlement respectée. Mais il se pourrait cependant que l’abandon de certain candidat qui marque le pas depuis longtemps et qui n’a obéi qu’avec un regret non dissimulé à l’ordre de laisser son tour déjà, ne se révolte devant une injonction nouvelle de se taire. D’autre part de vieilles fidélités à la République feraient entendre une voix pressante en réclamant pour leur descen dance. Enfin cela n’ira point tout seul. *** On dit aussi que certaine conférence qui eut lieu ces jours derniers devant un public très restreint mais trié sur le volet aurait une arrière-pensée électorale et rien de surprenant à ce qu’on le pense et à ce qu’on le dise. Le succès auprès de ce public d’élite fut d’ailleurs, paraît-ij fort grand. Le conférencier charma, m’a-t-on assu ré de toute manière puisqu’en plus de son éloquence qui est très réelle, on ad mira également le choix de son tailleur. Et c’est de l’habileté pour un candidat, à la veille du jour où les femmes vont avoir le droit de voter, que de ne point négli ger même ce moyen de séduction. Cette réunion se termina d’ailleurs sur une manifestation sentimentale qui fit passer dans tous les cœurs un frisson de joyeuse cordialité et de fraternité émue. La politesse du trottoir! Voilà une qualité que n’a point con quise notre démocratie triomphante. Je crois que Messieurs les Instituteurs se refusent même à donner aux jeunes géné rations qui leur sont confiées, les princi pes élémentaires de tenue à ce sujet. Nos jeunes midinettes depuis le moment où elles ont eu le bonheur de pouvoir raccourcir leurs robes dé petites filles et de couper leurs cheveux affectent devant tous de tenir le haut du trottoir et de l’envahir en bande. Mais Louis XIV quand il rencontrait sa blanchisseuse dans le parc de Ver sailles lui tirait son chapeau et peut-être même se rangeait-il pour la laisser pas ser. Va donc pour l’envahissement des trottoirs par les jeunes midinettes : c'est nous qui sont les princesses ! Mais quant aux jeunes citoyens, halte- r là! Je suis convaincu d’ailleurs que c’est moins par malice qu’ils agissent ainsi que par une ignorance complète des plus élémentaires convenances. Grâce à l’éducation à la mode républi caine nous revenons vers l’état de sauva gerie : ofi s’enorgueillit d’être grossier,...