Extrait du journal
Une maison est un corps : ses habitants en sont lame. Quand ils sont partis, que les vo lets sont clos, que le silence se fait, la mai son a perdu son ame. Rien plus n a de sens de ce qui en faisait l’intérieur arrangement : parce que cet arrangement ne satisfait plus les pensées, les goûts, les caprices de ceux qui l’ont voulue et qu’il ne sera plus sans nul doute en harmonie avec les pensées et, les goûts de ceux qui reviendront prendre de nouveau possession de ce corps pour lui rendre la vie. Lorsque ceux qui ont voulu, créé, disposé, cette maison, lorsque ceux qui ont bâti ce nid à l’âge où encore les projets d’avenir sont chose séduisante, s’en sont allés, tous, là d’où l’on ne revient plus, il n’y a rien de poignant comme ces pièces vides, désertes : si l’on ouvre les fenêtres fermées, la lumière qui entre à flots dans cette obscurité qu’elle chasse, semble déconcertée de ne plus les y rencontrer ; tous les objets familiers qui paraissaient obéir aux volontés des hôtes d’autrefois ont une inertie gauche de choses mortes et sans destination ! Que ces grandes maisons vides de leur âme donnent envie de pleurer ! Nous en connaissons ici, hélas ! Corps morts qui revivront oui, mais qui revivront d’une existence toute différente. La villa Géruzet par exemple, conçue, bâtie, meublée, ornée, décorée par un hom me qui eut une personnalité certaine. I lus compris par les uns que par les autres, avec des conceptions esthétiques que l’on pouvait discuter, mais qui trahissaient cependant une indéniable culture, avec un senitment de l’ordre qui présidait à tout son entendement, un esprit de méthode et de l’énergie dans le vouloir et le faire ! Cette maison indiquait les goûts de sa carrière industrielle ; l’amour du marbre s y montrait partout ; tout peut-être un peu froid et rigide, mais bien ordonnancé. Il a du sembler à presque tous ceux qui l’ont vu, que cette belle demeure était bien faite pour abriter le bonheur. Que de dou loureuses heures y furent vécues! Et main tenant elle est redevenue le corps mort ; les murs sont vides, et l’esprit flottant de ceux qui l’habitèrent l’a définitivement quittée ! La vie va venir de nouveau s’y installer, donnant à tout une physionomie nouvelle et pour ceux qui la vont habiter nous souhai tons que le bonheur y entre avec eux. Mais les vents sombres, qui mélancoliquement soufflent le soir du cimetière assez proche ont emporté pour toujours dans le néant un passé qui ne revivra plus. * Septembre nous réserve de belles aprèsmidi ; il en a trop l’habitude pour que 1 on en puisse douter. Je sais bien que les maus saderies du ciel en cet été 1925 ont rendu sceptiques les optimistes les plus endurcis. Mais point de désespérance ; ces journées bleues et douces viendront. Et je veux alors conseiller à nos hôtes une promenade pour les heures, à ce plaisir reposant générale ment réservées....
À propos
Fondé en 1836, L’Écho des vallées est un journal régional publié à Bagnères-de-Bigorre. Il devient La Sentinelle du peuple pour quelques mois en 1848, avant de retrouver son nom initial. Rebaptisé L’Avenir des Hautes-Pyrénées en 1883, le journal traverse la première moitié du XXe siècle avant d’être interdit à la Libération en 1944.
En savoir plus Données de classification - de monzie
- p. coulet
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- cercle catholique
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