Extrait du journal
chair de leur chair, l’âme de leur âme. On leur crie : Esclaves, vous n avez qu'à obéir à notre volonté de politiciens qui disposons de ce qui est à vous, selon notre bon plaisir, qui dictons à vos autorités paternelles et maternelles la ligne de conduite que nous vous im posons. Ah! ceux-là, ces pères, ces mères, je ne peux les comprendre; je ne peux arriver à admettre que toute leur fureur la plus légitimement sacrée ne les anime point d'une indignation efficace vis à-vis de ces empoisonneurs d’enfants, de leurs enfants; qu’ils ne hurlent point d’indi gnation, comme la bête sauvage à qui Von ne vole point son petit sans qu’elle crie sa douleur et sa soif de vengeance, je ne puis croire qu’ils accepteront cette insulte à leur volonté, celte violation de leur liberté, sans se dresser dans une protestation qui devrait être utile et tenace. Ces mères surtout qui savent, elles, combien sont nécessaires à la fragilité de leurs filles l’exemple de la vertu, la pratique de la piété, la seule sauvegarde. Et pourquoi ce déni de liberté et de justice? Que leur reproche t-on à ces éducatrices en cornettes? Est-ce de ne pas savoir enseigner? Pourquoi est-on heureux alors de trouver parmi celles qu'elles ont ins truites, des femmes d'un savoir suffi samment éprouvé pour les mettre à la tête de nouvelles maisons d'instruction libérées de tout préjugé? Pourquoi va-t-on voler jusque dans les camps où Von se retranche dans une laïcité encore permise, mais avec Vidée de Dieu comme phare, pourquoi va-t-on voler, en les forçant à l’humiliation du plus douloureux démenti, celui que Von fait à son passé, des institutrices qui enseignaient suffisamment sans doute les sciences humaines? Ce n’est point un progrès d’instruction que Von cherche alors? Est ce un progrès social? Libérer ces esprits de femmes du préjugé des dogmes alors? C’est là le rêve. Et que diable, pourquoi hésiter à les mettre en face de ces jeunes filles de 12, 1-4, 15 ans que nous pouvons rencontrer dans la rue chaque jour, ces hommes follement novateurs. Cherchez en elles le charme de la pudeur de leur âge ? Inutile! Elles vous dévisagent, je n’ose point dire plus exactement, mais ne le savez-vous point? Et les plantons qu’il a fallu mettre aux portes de sortie pour empêcher la précocité effrayante des rendez-vous, ne sont-ils point les témoins des progrès d’éducation que vous obtenez en laïcisant. Voilà -où nous en sommes tombés après trente-sept ans de République ; je laisse à ceux qui rêvent, en mettant des pièces à ses tendances persécutrices et liberticides de radouber cette vieille scélérate et d’en faire une honnête fille, qui fasse le bonheur de la France, l’illusion de leurs espérances, que des lendemains de plus en plus éloquents dans la hideur...
À propos
Fondé en 1836, L’Écho des vallées est un journal régional publié à Bagnères-de-Bigorre. Il devient La Sentinelle du peuple pour quelques mois en 1848, avant de retrouver son nom initial. Rebaptisé L’Avenir des Hautes-Pyrénées en 1883, le journal traverse la première moitié du XXe siècle avant d’être interdit à la Libération en 1944.
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