Extrait du journal

Paris, 50 AvriL Quoiqu’il soit toujours fâcheux de substituer le sentiment à la politique et les impressions aux idées, nous avouons, cependant, n'avoir pu nous défendre d’une certaine émotion, en voyant, hier, défiler le cortège des délégations maçonniques. Le spectacle était véritablement émouvant : Cinq à six mille hommes, graves et recueillis, presque tous dans la maturité de l'âge, quelques-uns déjà vieillards à la tête dénudée, à la grande barbe blanche, s’avançaient lentement, silencieusement, comme des hommes I inconscience d'un grand devoir à remplir. Ils avaient revêtu leurs lia bits du dimanche, l’habit que l'ouvrier, que le petit commerçant, que l’humble industriel gardent pour les jours de fête, pour les joies familliales.et, par dessus leurs vêtements, ils avaient, chacun selon son gradée, placé les insignes maçonniques, le grand cordon bleu ou rouge des dignitaires. le tablier des maçons. Les bannières de toutes couleurs flottaient dans l’air ; la musique de la garde nationale jouait la Marseillaise, et de temps ‘.autre retentissait un immense cri de : rive la République !...