Extrait du journal

Paris, 28 Décembre BULLETIN Jamais on n’a vu un chaos diplomatique comparable à celui d’aujourd’hui. Ce qui est affirmé audacieusement d’un côté est démenti intrépidement de l’autre. Ce que l’on croyait fait la veille est défait le lendemain. Une dépêche nous avait annoncé que la Porte refusait la conférence ; un journal, la Presse de Vienne, nous affirme qu’elle l’a non pas refusée, mais acceptée jeudi dernier; les journaux français disent qu’elle n’a accepté ni refusé. La France prétend même que la Prusse n’a pas fait de proposition de réunir les puissances‘signataires du traité de Paris; cette assertion est un paradoxe naïf, puisqu’il est avéré que celte proposition a été faite par M. de Bismarck le 20 décembre ; mais elle sera admise volontiers par le monde officieux qui ne veut pas avoir l’air de céder à l’influence du vainqueur de Sadola. La seule chose certaine, au milieu de cette confusion générale, c’est que la conférence, qui paraissait certaine il y a deux jours, a cessé de l’être, bien quelle reste probable — jusqu’à nouvel ordre ; les grandes puissances ne lui donnent encore qu’une adhésion toute platonique ; elles y souscrivent en principe, mais en se réservant de négocier sur les bases préliminaires, sur le programme du Congrès. Négociation épineuse, d’autant plus épineuse que l’Angleterre semble se défier de la conférence et la considérer à l’avance comme impuissante à résoudre la question qui s’agite entre la Grèce et la Turquie....