Extrait du journal
laisser se prolonger une situation que tous les honnêtes gens déplorent ! Quel espoir avions-nous de voir nos adversai res s’amender et revenir à la raison ? Çe, que veulent les partis hostiles à la répu blique, c’est précisément cet état d’incer titude où ils nous ont amenés. L’angoisse publique fait leur joie. S’ils pouvaient al 1er jusqu’aux troubles de la rue, ils en tonneraient des hymnes. Heureusement la police est entre des mains honnêtes, et la réorganisation des blouses blanches n’est plus à craindre. Mais, si les fausses émeutes ne sont pas possibles, il y a une chose qu’on peut toujours faire quand on est une presse aussi peu scrupuleuse que l’est la presse monarchique : c’est alarmer les cons ciences, répandre de fausses nouvelles, ^montrer l’horizon de plus en plus noir, semer partout l’agitation et l’inquiétude. Il y a aussi une chose qu’on peut tou jours faire quand on est une coalition peu morale, comme la coalition des partis monarchiques qui siège à la droite de la Chambre, c’est harceler le gouvernement, lui tendre des pièges, lui infliger des échecs, l'ébranler un peu chaque jour, afin de le renverser d’un seul coup au moment qu’on aura choisi. Pouvionsnous attendre que ce double travail de la presse et de la droite ait produit dans le pays son infaillible effet de désorganisa tion? ‘Nous n’avons pas voulu assumer cette responsabilité et nous avons fait appel au peuple. Que le pays nous réponde. Il n’y a pas un moment à perdre et il y va des intérêts les plus urgents. La querelle entre M. Thiers et la droite se change en une guerre méthodi que et régulière avec ses alternatives possibles de succès et de revers. L’autre jour, sur le rapport Batbie, M. Thiers triomphait ; le lendemain, sur l’incident Victor Lefranc, il était battu. Hier dans les bureaux, au scrutin secret, par la débilité d’âme de quelques députés qui ne se tiennent bien que quand ils sont sous l’œil de leurs électeurs, la majorité antirépublicaine s’est reconstituée, et voilà M. Thiers en demeure de livrer, d’ici à trois semaines, une nouvelle ba taille aussi redoutable que celle même qu’il a gagnée le 28 novembre. Cette guerre, qui ne va pas sans un grave préjudice porté à la chose publi que, est sans issue. Le président de la République l’a sou tenue, et, nous en avons la certitude, il continuera de la soutenir avec toute son énergie ; mais il faut se hâter de lui por ter secours. C’est dans notre intérêt, c’est dans l’intérêt du pays, que M. Thiers combat. M. Thiers n’est fort qu’autant qu’il se sent appuyé par la nation. C’est donc à ia nation de se lever et de lui montrer qu elle est tout entière avec lui. C’était le but de ces milliers d’adresses que tout ré cemment les conseillers municipaux en voyaient à la préfecture de Versailles : le but n’est pas changé, mais la formule de vient autre. Aujourd’hui, être pour M. Thiers, c’est être contre l’Assemblée. Faire des vœux pour que,M. Thiers l’emporte, c’est faire des vœux pour que l’Assemblée s’en aille. Or, il n’y a donc qu’un moyen de prouver à M. Thiers qu’on est avec lui, qu’on l’aide, qu’on le soutient, qu’on veut son triomphe : c’est de signer la pé tition de dissolution. La majorité a méconnu le plus impé rieux de ses devoirs. A une nation qui lui demandait la tranquillité, elle a ré pondu en propageant le désordre ; à une nation qui voulait la liberté dans la Ré...
À propos
Lancé en 1872 à Troyes, L’Avenir républicain est, sans surprise, profondément républicain, convaincu que « la République est le seul gouvernement juste et rationnel », selon son programme. Mais pâtissant d’une constante instabilité rédactionnelle – rares sont les rédacteurs en chef qui y restent plus d’un an – le journal disparait au bout de dix ans, en 1882.
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