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L’Avenir républicain, 17 janvier 1877

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L’Avenir républicain
17 janvier 1877


Extrait du journal

riant, participant à ces idées ingénieuses souvent, hardies parfois, libérales tou jours ? Oh ! ces réunions n’étaient pas rui neuses ; deux lampes et des verres d’eau sucrée. Mais, on ne manquait pas de se retrou ver le vendredi suivant. Etait-ce là une exception ? Que «on pas ! La bourgeoisie d’alor.s formait un -faisceau compacte, uni par communauté des idées, des intérêts intellectuels issus de la Révolution, par la conscience de sa valeur morale ; aussi n’avait-elle pas peur; et de quoi, en effet, eût-elle pu- s’effrayer ? De ses intérêts matériels elle faisait bon mar ché, mais pour faire triompher ses idées, elle était prête à. tout. Elle gvait en sa possession le savoir, l'intelligence ; elle espérait en la liberté, et, acceptant la suc cession des Voltaire, des Diderot, vpulant marcher au-delà, elle sentait que derrière elle était tout un peuple... Peur ! et de quoi? Des Jésuites, delà réaction ? Elle n’ignorait pas que le jour où ces fantômes noirs et blancs voudraient prendre un corps, elle n’avait qu’un mot à dire pour les faire évanouir. Joseph Prudhomme n’était pas encore né, et n’avait pas fait souche. A peine si on le pressentait. Mais depuis ! de quelle immense famille n’est-il pas devenu le pè re ? Cette famille a bientôt été tribu, et, pullulant à l’instar du phylloxéra, la tribu s’est considérée comme étant la nation tout entière, et le plus plaisant, c’est qu’on l’a cru. Nous avons dit un mot de ces enfants de la bourgeoisie, maîtresse de la situation de 1820 à 1830. Ils cherchaient un état, non des places. Plus avancés et moins prudents que leurs pères, ils les compromettaient parfois, mais ne déshonoraient pas leur nom, car le mobile était généreux. Un peu abandon nés à eux-mèmes, les plus fantasques ou les moins travailleurs faisaient partie de la bohème, mais d’une bohème qui n’avait rien d’avilissant. On en pouvait sortir le front haut, et beaucoup de nos célébrités honorables du siècle ont eu pour berceau cette bohème de 1830. Le gommeux qui trichotte au jeu, qui a son jour chez la petite X..., entretenue par société coopérative, qui va toutefois à la messe, qui s’enrôle parmi les gourdiniers sous l’empire, et file en Belgique ou en Suisse pendant l’invasion, qui se présente comme le défenseur du trône et de l’autel, — les voilà bien défendus, — et qui traite de : fripouille les gens attachés à leurs devoirs comme à leurs droits de citoyens... Non, ce gommeux n’existait pas. S’il eût existé, Balzac ne l’aurait pas laissé dans l’ombre ; l’illustre romancier ne l’a pas connu ; ça a poussé depuis, c’est un fruit nouveau, rejeton de la bourgeoisie...

À propos

Lancé en 1872 à Troyes, L’Avenir républicain est, sans surprise, profondément républicain, convaincu que « la République est le seul gouvernement juste et rationnel », selon son programme. Mais pâtissant d’une constante instabilité rédactionnelle – rares sont les rédacteurs en chef qui y restent plus d’un an – le journal disparait au bout de dix ans, en 1882.

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