Extrait du journal

le juger. —Je ne pense pas qu’il faille deux cents fantassins tirant dessus pour le renverser de son piédestal ! Il est moins solide que ne Tétait, il y a quatre jours, sur son socle, la belle statue de M. Gabet. Si j’ai pris texte de l’affaire de Dijon et si j’en ai brièvement rappelé les traits principaux, n’imaginez pas que ce soit pour Tunique plaisir de raconter, à mon tour, un scandale dont les détails sont aujourd’hui connus de tout le monde. Non, mais il m’a semblé que cet acte de brutale destruction ne manquerait pas d’avoir dans de paya un long retentis sement, et qu’il en résulterait, pour les derniers représentants de Tordre moral et du gouvernement de combat, d’assez fâcheuses conséquences. Trop de réaction nuit, c’est une vérité démontrée par l’expérience. Croyez-vous que MM. Dufaure et Léon Say consentiront à marcher plus longtemps aux côtés de l’homme qui commet de pareilles fautes? Croyezvous qu’ils accepteront la responsabilité d’une semblable conduite? Non, certes. Il est hors de doute aujourd’hui que M. Buffet fera jeté par-dessus bord. Ou dit même qu’il se pourrait fort que lui seul quittât le ministère. Il n’est pas jusqu’à la fraction libérale (quoique non républicaine) du centre droit,qui ne sem ble résolue à blâmer sévèrement le chef actuel du cabinet, en épargnant les au tres ministres. Comment se passeront les choses ? Nul ne le sait encore. Les bureaux des gauches n’ont pas encore délibéré atten tivement. Mais quoiqu’il arrive, la chute de M. Buffet paraît décidée. Une grave question sépare en ce mo ment les diverses fractions républicaines de l’Assemblée, des ministres que Ton veut bien conserver : celle du scrutin. Cependant, l’accord n’est peut-être pas impossible. J’entendais hier un ancien ministre de M. Tliiers, homme dont l’influence est grande, raconter un fait qu’il ne m’appartient pas d’ébruiter, — ce que je regrette, parce qu’il serait de nature à donner bon espoir aux parti sans du scrutin de liste, — mais sur le quel je m’appuie pour dire que nous ne sommes pas aussi battus que le préten dent certains journaux officieux. — Nous avons trop laissé dire que I nous serions vaincus, fit observer à un ! certain moment l’ancien ministre dont je i parle, si bien que beaucoup des nôtres ont fini par le croire. Et quelqu’un ayant objecté que la présence de M. Buffet au gouvernement...