Extrait du journal

Certes, parmi eux, cet après-midi, il y a des personnages très élégants, des Parisiens exquis, des raffinés, venus là pour Molière, vraiment. Mais les autres, tous les autres, tous ceux qui étaient si pressés d’entrer, comme s’ils craignaient de trouver leurs places prises !... Ceux-là, ce sont bien ceux que j’ai déjà rencontrés aux réceptions de l’Hôtel de Ville, dévalisant le buffet, s’empiffrant de gâteaux, de glaces, de champagne ; ce sont ceux qui, les jours de grandes épreuves, encombrent les levages de Longchamp et d’Auteuil, dont l’entrée, pour eux, n’est pas payante ; ce sont ceux qui s’entassent dans les tribunes publiques, à la Chambre, quand le ministère est menacé, ou à la cour d’assises*, quand l’accusé est un criminel sortant de l’ordinaire. Ce sont des politiciens, des femmes de politiciens, leurs familles, leurs amies et les familles de leurs amies... Ce sont les ayant droit de la République !...