Extrait du journal

« Dijon, 21 janvier 1870, » Mon cher Felice, » Perdant que j’étais hier, le fusil baissé,à genoux derrière un bas mur, le vaguemestre me remit ta lettre. Je fus très embarrassé, car je voulais la lire et je ne pouvais, la cavalerie s’avançant sur nous. Enfin, je pu» au moins la parcourir, et ta lettre redoubla mon courage. Nous étions campés à 12 kilomètres d’ici, a Savigny-le-Sec. Notrebatadlon étant le seul armé de carabines Winchester à dixhuit charges, nous avons l’honneur d’être placés en première ligne pour faire l’essai de ces petites mitrailleuses. La première compagnie à laquelle j’appartiens comme souslieutenant fut déployée la première en rase campagne, devant toutes les autres qui occupaient ie village de Savigny. Aujourd'hui, à onze heures du matin, nous partirons de nouveau. On attend un combat sérieux. J’oubliais de te dire qu’avant-hier nous avons échangé avec les Prussiens quelques coups de fusil ; l’ennemi n’ayant pas avancé, le soir nous sommes rentrés à Dijon. Nos carabines portent à 15*K) mètres. Les autres corps nous les envient et nous en sommes orgueilleux. J’en apporterai une à la maison si je reviens de la boucherie qui nous attend bientôt. Je termine parce que je vais partir : onze heures sonnent. Adieu. Joseph Gavalotti. »...