PRÉCÉDENT

Le Bien public, 4 mai 1872

SUIVANT

URL invalide

Le Bien public
4 mai 1872


Extrait du journal

Si l’Assemblée nationale personnifiée dans la droite était une simple banquière, grosse et grasse, au vidage épanoui et aux lourdes attaches, il y aurait un bien joli vaudeville à faire sur les airs de parvenue qu’elle se donne depuis quelque temps aux veux du pays. Elle a un pouvoir exécutif qui fait assez bien ses affaires pour avoir droit de temps a autre à une marque d’approbation ou à un témoignage de confiance ; mais le pouvoir exécutif, aux yeux de la dame, n’est plus qu’un serviteur auquel on ne saurait trop faire sentir son origine et le poids de l'autorité qu’il représente. — Rappelez-vous que je suis la souve raine — dit sans cesse la droite à M. Thiers, et, là-dessus, dans le vaudeville, un vevrait la banquière se contempler dans son armoire à glace, et sortir de sa poche, pour se badigeonner le visage,une houppe à poudre de riz. Mais en allant plus avant dans le carac tère de la daine, ne vous semble-t-il pas, après ce portrait fidèle, lui enten dre dire encore: C’est étrange; ces gens-là, que j’ai faits ce qu’ils sont, discutent avec inoil lis ont leur manière de voir, leurs idées, et il faudrait en passer par tout ce qu’ils veulent f En vérité, voilà qui est étrange, et je me demande si je ne suis pas toujours la maîtresse chez moi. L’attitude de l'Assemblée nationale n'esl-elle pas un peu celle de celte dame, vis-à-vis du pouvoir exécutif! Si l’on ne le voyit et si la question de souveraineté ne revenait chaque jour sur le tapis, on pourrait croire que nous faisons de la fan taisie. Mais chaque jour nous nous trou vons en présence de nouvelles susceptibi lités, de nouvelles méfiances qu’on com prendrait à peine chez des gens appelés tout à coup à une fortune qui les éblouit au point de leur faire perdre le sentiment de la vraie dignité. Nous avons un pouvoir exécutif qui émane de l'Assemblée, c’est vrai, cela a été dit et redit, rabâché même; pourquoi donc toujours y revenir ! Pourquoi encore chercher à dénaturer le principe de ce pouvoir, et après l’avoir fait républicain, il le fallait bien, chercher à lui créer des entraves et l’embarrasser d'hommes en hostilité de principes avec lui 1 N’y a-t-il pas là une étrange contradic tion dans les procèdes de la droite vis-àvis du pouvoir, lorsque, après l’avoir fait républicain, on brise sous sa main tous les rouages administratifs qui se rappor tent à son principe, pour y substituer des moteurs qui fonctionnent dans le sens de la monarchie. Le pays était vraiment d’accord avec ces tendances et cette manière d’être : il n’y aurait sans doute pas à s’en plaindre; mais le pays est sympathique à l’ordre de choses actuel,et ce n’est pas sans déplaisir qu’il constate la maligne persévérance que mettent certains députés à tendre des pièges aux hommes si profondément esti...

À propos

Lancé par Henri Vrignault au mois de mars 1871, quelques jours seulement avant la Commune de Paris, Le Bien public rejoint dès sa naissance les rangs des journaux protestant contre les élections organisées par le Comité central. Interdit un mois après son lancement, le journal réapparait à la chute de la Commune. Républicain et conservateur, Le Bien public devient alors le journal porte-parole d’Adolphe Thiers. Lorsqu’il tombe entre les mains d’Athanase Coquerel en 1874, il se teinte également d’une couleur fortement anticléricale.

En savoir plus
Données de classification
  • laboulaye
  • thiers
  • baragnon
  • bardoux
  • labou
  • louis napoléon
  • bertauld
  • itam
  • guillaume
  • ulva
  • mo
  • amérique
  • madrid
  • espagne
  • bilbao
  • france
  • lee
  • lyon
  • angleterre
  • aisne
  • l'assemblée
  • conseil de guerre
  • conseil d'etat
  • la république
  • etat
  • assemblée nationale
  • parlement
  • banque de france
  • ps
  • fo