Extrait du journal
Nous aurions mauvaise grâce assu rément à médire du suffrage universel en un temps où il est laqucrro angu laire do notre édifice politique. En art, toutefois, il est permis d’affirmer que la minorité seule est capable de juger on connaissance de cause et que, plus le su tirage s’étend , plus lo niveau des jugements s’abaisse. Quoi qu’il en soit, depuis vingt-cinq ans, c’est au suffrage que l’on demande le recrutement du jury chargé nonseulement d'admettre ou de refuser, mais encore de classer les œuvres des artistes contemporains, et de signaler au public, par des médailles, ce qui est plus ou moins digne d’admiration. La position do membre du jury n’est pas, du reste, comme on pourrait le croire de prime abord, un sacerdoce s’.érile et purement honorifique. Parmi les moyens de servir soi-même et ses amis, et do combattre ses ennemis, il n’en est pas de plus puissant ni de plus rapide. Qui ne se souvient du jury fa meux do l’Exposition universelle do 1867 ? Il n’eut, commo chacun sait, rien de plus à cœur que de se décerner d’abord les plus hautes récompenses, laissant au « vulgum pecus » les reliefs du festin. Ah ! ce fut un beau jour ! On se récria bien un peu sur le moment ; mais ne crie-t-on pas toujours ? Le fait demeure : ce qui est pris reste bien pris. Les listes du jury des Beaux-Arts se forment dans des conditions analogues (toutes proportions gardées) à celles de toutes les élections quelconques. Flat teries confiantes au talent méconnu, promesses de redresser des torts crian ts et des injustices révoltantes, courses à la candidature à l’atelier, à la brasse rie, dans les cercles, telle est la menue monnaie dont on achète les suffrages. Les listes se forment, se colportent, et passent sans conteste, grâce, il est vrai, aux abstentions qui, comme dans des sphères pluséievées,donnent facile ment raison aux habiles. .Nous ne demandons pas mieux que de croire à l’histoire de Cincinnatus; mais les temps sont considérablement changés. On ne va point aujourd’hui arracher un peintre honnête au silence de son atelier pour le solliciter de prê ter aux artistes l’autorité de sa sagesse et de son expérience. Il suffit d’intro duire flans la liste un ou deux noms vénérables en manière de passeport. Aussi les jurés sont-ils à peu près les mêmes chaque année. C’est une oligar chie d’autant plus jalouse de ses préro gatives qu'elle eu tire des bénéfices plus directs. — Vertueuse Académie, que tes chaînes étaient relativement lé gères ! et que tu es bien vengée ! La conséquence forcée de la popularité que donne une pareille magistrature, ' en possession de décerner des brevets de talent, se comprend de reste : on frappe à la porte de l’Institut et l’on y entre. Comment résister? Le suffrage universel n'a-t-il pas en quelque sorte désigné les candidats ? Tout semblait aller à souhait pour les habiles ; un pas cependant restait à faire, un pas décisif. On le fît l’an der nier. Jusqu’alors les artistes récompensés ne relevaient plus des caprices du jury. La chose parut gênante et les mômes hommes, apparemment, qui avaient avec le plus d’énergie blâmé les ex...
À propos
Lancé par Henri Vrignault au mois de mars 1871, quelques jours seulement avant la Commune de Paris, Le Bien public rejoint dès sa naissance les rangs des journaux protestant contre les élections organisées par le Comité central. Interdit un mois après son lancement, le journal réapparait à la chute de la Commune. Républicain et conservateur, Le Bien public devient alors le journal porte-parole d’Adolphe Thiers. Lorsqu’il tombe entre les mains d’Athanase Coquerel en 1874, il se teinte également d’une couleur fortement anticléricale.
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