Extrait du journal
Il est des moments dans la vie des peu ples où il n’est pas nécessaire de se mêler aux événements pour s’y intéresser et y mettre toute son âme. Le spectacle qu’on a sous les yeux suffit pour attirer. Les hommes ont de la grandeur ou de la ver tu, les événements une allure franche et fière : ils se déroulent avec une sorte de méthode et de régularité qui en rend la contemplation facile et même agréable. On dirait une pièce de théâtre arrangée selon les règles de l’art Je n’ai pas besoin de dire que nous ne sommes pas aujourd’hui dans un de ces moments privilégiés de l’histoire. Ce se rait trop flatter mes contemporaine, qui ne me eroiraienfc pas, d’ailleurs, parce qu’ils ne sont pas assez aveugles pour se tromper aussi grossièrement. C’est en vain que je regarde autour de moi comme un spectateur prêt à crier; C’est bien, c’est beau, c'est admirable ! Je no découvre, hélas ! que de petits hommes, do petites choses et je ne sais quoi de décousu qui blesse à la fois les regards et l’esprit. Le drame de la vie publique est mal fait et il se joue plus mal encore* * * * La politique est une des grandes pas sions du temps, en supposant qu’il en ait de grandes. Je la suis avec attention; mais il m’est impossible d’ôtre satisfait. Je suis allé assister, il y a quelques jours, à une séance de la Chambre : une foule nombreuse se pressait aux portes du palais; l’enceinte législative était remplie. C’était un grand jour, disait-on autour de moi; on devait discuter les affaires d’E gypte, c’est-à-dire le rôle de la France en Orient. Je n’ai pas entendu sortir de la bouche d’un orateur, député ou ministre, une seule de ces paroles qui font tressaillir les peuples et les élèvent au-dessus d’euxmêmes. Quelle pauvreté d’idées et de lan gage ! La France a pu assister, en d'autres temps, à de semblables débats. Mais quelle différence ! Les petites pages d’histoire écrites à cette époque par un homme d’E tat, ne valent pas mieux peut être que cel les qu’ils cherchent à écrire aujourd’hui Mais si le texte était aussi pauvre, il y avait des commentaires qui l’enrichissaient et lui donnaient une autre portée. La nation se sentait vivre dans ces dé bats, qui faisaient la gloire de la tribune française et trouvaient des échos dans toute l’Europe. *** C’est surtout par le spectacle des partis qu’on peut juger de l’amoindrissement de la vie publique dont les symptômes se re marquent partout. Ils ne semblent avoir quelque vigueur que pour échanger des injures qui n’ont pas même droit de cité dans notre langue. Y a-t-il même des partis? On pourrait presque en douter. Les coteries, de petites coteries, en proie â toutes les cupidités, semblent remplacer chaque jour ces fra ternités d’idées et d’opinions qu’on appelle des partis dans ta vraie langue politique, et ces coteries se combattent, et s’insul tent, et se calomnient, en prétendant mar cher sous le même drapeau. Un auteur du dernier siècle, Linguet, a écrit un petit livre intitulé : Théorie du Libelle, ou Fart de calomnier avec fruit. Ce petit livre a dû faire des disciples. Je crois le retrouver aujourd’hui dans la plu part de nos polémiques. Un Vieux Parlementaire....
À propos
Lancé par Henri Vrignault au mois de mars 1871, quelques jours seulement avant la Commune de Paris, Le Bien public rejoint dès sa naissance les rangs des journaux protestant contre les élections organisées par le Comité central. Interdit un mois après son lancement, le journal réapparait à la chute de la Commune. Républicain et conservateur, Le Bien public devient alors le journal porte-parole d’Adolphe Thiers. Lorsqu’il tombe entre les mains d’Athanase Coquerel en 1874, il se teinte également d’une couleur fortement anticléricale.
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