Extrait du journal

gée par Mora. Elle riait dans son som meil. On lui avait enlevé sa couronne de roses ; mais on n’avait pu lui retirer de la main une rose qu’elle avait voulu garder, qu’elle avait baisée, mangée à demi, pétrie, et dont il ne restait plus que quelques feuilles écrasées entre ses doigts roses. Son sommeil calme, régulier, avait quelque chose de divin. Une goutte d’eau pure ne suffit-elle pas pour refléter le ciel ? Cette innocence absolue donnait l’idée de l’innocence infinie. La chaleur de l’oreiller faisait luire dans les fosset tes de ses joues une moiteur douce que la princesse essuya d’une caresse. Hed wige, à ce contact délicat, sans s’éveil ler, remua la tête et sourit. Claudia se baissa prour lui donner un baiser, puis elle hésita tout à coup. Elle sentait sur ses lèvres des ardeurs maternelles que son austérité virginale n’osait laisser voir à son fiancé. Elle se contenta de joindre les mains et de murmurer ; — Qu’elle est jolie ! Le comte souriait à cette contemplation dont il devinait les délices et les pu deurs. — Ne l’éveillops pas, dit la princesse d’un ton de regret ; allons voir Egon. Celui-ci était vêtu pour la nuit d’une longue robe blanche. Il dormait étendu sur le dos. Droit, et la tête correctement posée sur l’oreiller, il tenait, dans ses mains croisées sur sa poitrine, une petite rapière, présent de son vieil ami Contra»...