Extrait du journal

ADIEU. La 70ème division est dissoute : c’est la mort du „Bulletin DésarméCe numéro est le dernier. C’est ainsi, qu’un à un, s’éteignent les journaux du front.. . Selon le désir, maintes fois exprimé par nos camarades, nous aurions voulu poursuivre, dans la Paix, notre œuvre modeste, mais les chasseurs de nos trois ba taillons allant être dispersés, il nous est im-, possible d’envisager une pareille solution. Il ne nous reste plus qu’à mourir ... en beauté! Avant de déposer notre plume, il nous faut remercier tous ceux et celles qui ont contribué à la vie de notre canard. Ce journal a pu vivre grâce aux subsides envoyés par de nombreux civils, nous leur en témoignons notre gratitude. Merci à tous nos camarades qui nous ont appo'té leur collaboration ou vendu le „Bulletin Désarmé Merci aux aimables censeurs qui. . .• (Censuré) . A vrai dire, quand nous avons créé ce journal, il y a un an, nous n’osions croire qu’il „tiendrait“ aussi longtemps. Malgré les Jiffîcnjlies„ ÏCK ITUïT3QrO5 S5- SO^f '3» te'ment, bien lentement. . . Quand nous n’étions pas trop longtemps en tranchées, quand la poste fonctionnait normalement, quand la copie arrivait, quand l’imprimeur n’était pas trop éloigné, alors,, seulement nous arrivions à sortir un numéro. „Le Bulletin Désarmé“ a tiré successivement à 1000, 1500, 2000, 3000, 5000, 7000, 8000 exem plaires. Ces chiffres prouvent son succès. A l’encontre de certains grands quotidiens, nous tenons à honneur d’affirmer que jamais nous n’avons été acheté à prix d’or, ... ou de billets de banque. Les campagnes que nous avons menées ont toujours été désin téressées. On connaissait de réputation, l’hon nêteté de nos actionnaires .. . Aux lecteurs qui se sont récemment abonnés et qui nous en feront la demande, nous rem bourserons l’abonnement déduit du prix des numéros déjà envoyés. S’il nous reste quelque argent en caisse — celte pauvre caisse qui a été si souvent vide! — nous le distribuerons à quelques Poilus nécessiteux. Avant de nous quitter, amis lecteurs et chers camarades, permettez-nous de vous sou haiter une longue vie, heureuse et laborieuse. Hier, vous étiez en première ligne pour défendre le pays, demain, vous serez aupremier rang des citoyens qui travailleront à la re construction de la France. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple par le peuple. Chaque citoyen doit prendre une part active aux affaires de la nation. Soyez donc des hommes d’action, des ci toyens conscients et dévoués. Soyez des me neurs, des entraîneurs. Les affaires publiques, ce sont les vôtres: ne vous en désintéressez pas. Ne laissez pas complètement à ceux qui ne l’ont pas tant mérité que vous, le droit de parler, d’écrire, d’organiser, de créer. Luttez, comme vous luttiez bravement, il y a quelques mois, contre tout ce qui est mal propre ou malhonnête. Luttez contre les fau teurs de désordre, les agents de discorde, contre les profiteurs, les mercanlis de toutes sortes, contre les tyrans et les oppresseurs. En un mot, luttez pour assurer, partout et toujours, le triomphe de la justice....