Extrait du journal
Camarades, Je vous souhaite, non'seulement (pour | vous, mais pour la France et pour tout ce qu’elle représente, de vous marier, seule condition po.ur accomplir pleinement votre destinée. Que chacun trouve le bonheur dans son ménage, ce n’est pas impossible et c’est très doux... Mais ne vous mariez pas uniquement pourri votre bonheur personnel, mariez-vous parce que c’estvotre devoir envers vous-mêmes, envers votre p'ays, envers la vie. Ne demandez pas à la vie d’être un roman. Vivez de telle sorte que votre épouse vous estime : c’est un sentiment sérieux, profond, durable, et qui vaut mieux que l’amour, toujours affecté de caprice et d’égoïste calcul. L’amour et l’estime ne s’excluent pas d'ailleurs. S’il vous faut choisir, choisissez l’estime, vous vous en trouverez bien. Acceptez l’idée d’avoir une famille nombreuse; rappelezvous ce mot terrible d’un ennemi : « Les cinq fils de la fâmille allemande mangeront le fils unique de la famille française. » i Songez que rien de ce qui est arrivé depuis août 19141 ne se serait produit si la France avait eu, comme elle pou vait les avoir, 20 millions d’habitants de plus. Soyez assurés1 qu’un fils unique coûte aussi cher qu’une famille nombreuse, est généralement moins bien élevé et devient souvent pour ses parents une cause de chagrin, quelquefois même de ruine et de honte. L’idéal n’est pas de créer un être inutile « qui pourra, vivre à ne rien faire », et qui, presque fatalement, man gera le bien qui lui aura été laissé. ' Fi de ces petites idoles ridicules, lassées avant tout effort, rebutées par tout travail, capricieuses, insolentes, menteuses, ingrates, insupportables à tous et à elles-mêmes, frelons dans la ruche, branches mortes sur l’arbre ou parasites. Rien ne sert à. l’homme de vouloir être plus sage que la nature ; sa fausse prudence lui coûte cher et se tourne à la fin en mauvais calcul. Elevez yos enfants dans la simplicité, dans le travail et la concorde, et combattez en eux, sans violence mais sans...
À propos
Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.
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