Extrait du journal

A nos yeux, M. Ferry ne pouvait pas se dérober à la nécessité de déposer un projet portant des modifications à la Constitution. On oublie trop que le président du conseil est le prisonnier d’un groupe important delà Chambre, l’Union républicaine, qui a pris à l'égard de la révision des engagements précis inéluctables, devant ses électeurs, dans la presse, partout. Héritiers de la politique de Gambetta, les membres de l’Union républicaine ont accepté la révision comme un legs du Grand Ministère, en même temps que comme une tâche, qu’à défaut d’autre mobile, leurs rancunes de politiciens leur imposent de mener à bien. Qu’on se rappelle que le Grand Ministère est tombé précisément sur cette question. L’ayant trouvée dans tous les programmes électoraux de ses amis, Gambetta l’avait faite sienne. Après leur avoir longtemps recommandé la patience vis vis de l’œuvre de M. Wallon, il croyait le moment venu d’en faire disparaître ce que, dans son entourage, on appelait les articles orléanistes. De plus, il devait ce gage à Belleville, et enfin il était de cette école qui pense qu’on ne désarme les radicaux qu’en leur concédant tout, sous le prétexte machiavélique de leur enlever leur terrain d’attaque....