Extrait du journal
Mon cher Confrère, I victoire ; mais vos lecteurs préféreront. Vous me priez de parler,, dans le « Col écouter ce que les marins nous disent. Ce Bleu », à nos marins, en cette heure de I sont les marins qui partent dans lu scène Deux amis, un lieutenant de vaisseau et mi ensei gne, déjeunent ensemble. Depuis trois ans séparés par la guerre, ils sont heureux de se retrouver et causent, à table, aîfectuousement. Le lieutenant do vaisseau raconte d’abord â son ami qu’il a failli périr avec le « Bouvet ». Là-dessus, Us lèvent leur verre et disent ensemble ; TOUS DEUX, choquant leur verre. A lu France immortelle 5 - Vu silence, L’ENSEIGNE. On est ingrat pour la marine : n Que fait-elle ? c ■Se demandent parfois des terriens ignorants. On ne dit pas assez que nos marins sent grands. Quel secours sans relâche ils donnent aux armées, Go qu’attendent, des mers les terres affamées. Au prix de quels tourments nous les ravitaillons. Tout en portant partout l’orgueil clics pavillons, Nos sillages relient au vieux le nouveau monde. Et calmes, les marins, sur ou sous l’eau profonde, Tous, poursuivent ainsi des travaux patients Boni les terriens ingrats semblent inconscients. Au fond de la tranchée, on ramasse la gloire ! Pourtant la vie en mer, c’est bien une autre histoire. Tiens, quand, glorieux, tombe à terre un fantassin il trouve le sol ternie ; et le .secours, voisin... Quand tombe le marin, lui, c’est sur i’onde immense, Dans un autre péril plus vaste, — et qui commence 1 Je. lieutenant de vaisseau est amené à due com ment il fui blessé lorsque le « Bouvet eut dis paru sous la » grand1! eau bleue ». 1 1.'ENSEIGNE, vivement. Blessé ? LE LIEUTENANT. Ow@d uc prenais-mon-bain— L’ENSEIGNE. Oui, dans Veau bleue ? LE LIEUTENANT. tin bœuf nageait, .le pris la bête par la queue, Car les bœufs du Bouvet pataugeaient avec nous. F.t. je mo fis sauver par lui. ...Dans les remous, Un coup du pied fourchu me brisa la rolule. Regardant avec une sévérité comique l'enseigne qui rit. Et je no trouve pas cela si ridicule !... Mal soigné tout d’abord ; gangrène ; un vilain mal. ... Que d’incidents joyeux à la guerre I L'ENSEIGNE. Animai i Quand j allais m'émouvoir, tu ris ! LE LIEUTENANT. A la française. G’esl mo manière ; cl c'est encor la moins mauvaise, De prendre part à tout accident personnel... Quand lu seras blessé, va vote mon Gastinel. Son bistouri - - dont il aseptise la lame Dans les eaux du Jourdain — sauve la chair et l'Ame. Voilà le médecin te] que je le comprends... L’ENSEIGNE. Conviens que les Français, tous, aujourd'hui, sont grands 1 LE LIEUTENANT. i lier divises, soignant quelque intérêt vulgaire ; Aujourd’hui; tous changés, transformés par la guerre. Grognant parfois, mais, aussi vrai que nous mourrons, , Toujours prêts pour la mort à l’appel des clairons. Dans la tranchée étroite ou sur la mer immense, Ils sont... ce qu’on croyait fini... qui iccomruence : La concorde, l'honneur, l’espoir illimité, Tout ce qu’admire en eux toute l’humanité. L’ENSEIGNE Ccst vrai, c’est beau. LE LIEUTENANT, sans entendre. Quelle imbécile, l’Allemagne l Déjà le déscsoir. encor secret, la gagne. Elle avait tout pour elle, ordre, argent et travail. Mais son ambition était au gouvernail. Aussi, c’était fatal : — sa nature barbare L’a perdue, a donné le mauvais coup de barre... Sans honneur, le plus fort péril fatalement. Car rien n’est stable à qui ne tient pas un serment. Le parjure allemand jette ses derniers rfiles... Cette guerre est au fond, celle des deux morales. La justice vaincra. L’ENSEIGNE, gentiment moqueur. Tes océans... sont bleus. LE LIEUTENANT. Toujours. — lions ce conflit, tout est miraculeux. Revers et succès, tout : la France n’est pas prête ? Mais au Kaiser félon la Belgique tient tête ’ Bon retard... Ctmi’leroi, c’cst Paris pris demain ? Galliéni, prompt, en sort : la Marne ! échec germain, > Succès do France où luit comme une prophétie. Nos destins sauveront tôt ou tard la Russie. Et puis, quoi ? L’Angleterre adore Jeanne d'Arc. L'Italie, alliée au peuple de Bismarck, L'abandonne au moment, suprême. I.'Amérique, Avec trois mots, réveille une tombe historique « Nous voici. I.atayclte ! » Et ce mort, mort, lointain. Jette ainsi son épée au plateau du destin.... Tout cela, parce que la dépêche tragique. Celle d’F.ms. correspond au viol de la Belgique. (lue c’est grand ! que c'est juste ! et qu,’il est beau de voir Le monde font, entier debout dans le devoir. Et chacun de nous tous faire, à son rang, sa tâche.» -, Avec exaltation. ^ Vois-tu bien tout cela ? bien clairement ?...
À propos
Le col bleu fut un journal dédié aux hommes mobilisés dans la Marine qui parut entre 1917 et 1924. Simple feuille d’information de la Marine militaire, sur deux à quatre pages, elle était imprimée dans la principale base navale française en Méditerranée qui hébergeait les croiseurs, cuirassiers et sous-marins qui servirent jusqu’au détroit des Dardanelles et protégèrent les navires commerciaux aux civils dans toutes les mers du globe. La Marine nationale publie aujourd'hui encore un magazine numérique reprenant ce titre.
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