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Le Commerce, 6 avril 1845

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Le Commerce
6 avril 1845


Extrait du journal

Les prémisses posées hier par M. le prince de la Moskowa faisaient pressentir sa conclusion. 11 a voté contre la loi. Mais pour en arriver là, il a passé en revue, à l’exemple de M. Dupin, tous les maux, tous les faits de perturbation que les partisans du statu-quo colonial prétendent être le cortège inévitable de l’émancipation. On abuse à la chambre des pairs de la discussion générale. 11 est certain qu’à entendre les discours prononcés amis ces deux séances, on ne se douterait guère qu’il ne s'agit que d’une loi partielle dont l’effet très lointain peut tendre à 1 affranchissement général, mais dont l’application immédiate ne justifie certainement pas les terreurs à l’aide desquelles on la requisse. M.de la Moskowa a voulu établir que les mesures du projet constituent une expropriation forcée, puis il a cherché à prouver que l’abolition de l’esclavage a ruiné les colonies anglaises,et que le projet de loi, s’il était adopté, conduirait à une émancipation radicale, ce qui placerait nos colonies dans la même position, et par conséquent dans un danger tout semblable. En s'exprimant ainsi, l’honorable pair a singulièrement forcé les couleurs du tableau, et tenu peu de compte de la marche des faits. Les colonies anglaises ont reçu le bienfait de l'émancipation après une préparation incomplète ; la transition n’a pas été exempte d'anarchie; les autorités locales, privées d’instructions suffisamment explicites et prévoyantes, ont dû prendre des mesures de sûreté hâtives et dont quelques unes ont causé de l’irritation. Enfin, les maîtres ont abusé de leur reste de pouvoir , sous le régime de 1 apprentissage. Toutes ces circonstances ont dû faire naître le ressentiment , exciter l’antagonisme des nègres émancipés, le travail a cessé et les exigences, quant au salaire, se sont élevées. Rien de tout cela ne doit étonner. Les torts étaient principalement 'du côté du gouvernement et des maîtres. Ce n’était pas aux esclaves n se montrer plus sages que ceux qui prétendent au privilège de la sagesse. Voilà ce que M. le prince de la Moskowa aurait dû, à son tour, faire entrer en ligne de compte. Libre à lui, ensuite, de conclure qu'il faut, dans la vue d’une émancipation prochaine , s’occuper à l’avance d’éviter les fautes de nos voisins et d’en prévenir les fâcheuses conséquences dans nos colonies ; personne ne l'aurait contredit. Il fallait ajouter encore, pour être exact, que les pertes des colonies anglaises n’ont été que momentanées, que le travail et la production n’ont pas tardé à rentrer dans une voie normale, et que les plus sûrs documents prouvent qu’avant peu l'expérience de l’émancipation, dégagée des tâtonnements et des fausses mesures qui ont égaré ses premiers pas, aura produit le résultat qu’ont droit d’en attendre la religion, 1 humanité et la bonne politique. Nous avons insisté sur le discours de M. de la Moskowa, par-...

À propos

Le Commerce fut un quotidien économique ayant paru sous la Monarchie de Juillet concomitamment à l’essor en France d’une moyenne bourgeoisie marchande. Fondé six ans après la Révolution de Juillet qui poussa Louis-Philippe d’Orléans sur le trône, le journal fut racheté un an après par le dramaturge Eugène de Lamerlière qui en fut le directeur de publication entre 1837 et 1840. Économique, politique et littéraire, il suivait l’actualité de la France sous Guizot notamment.

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