Extrait du journal

Nous avons plusieurs fois exprimé nos regrets sur l'insuffisance de l’instruction dirigée par la cour des pairs. Il semble, en effet, qu’on se soit arrêté à la superficie du complot et qu’on ait voulu s’épargner la peine de pénétrer trop avant dans cette inexplicable et folle entre prise. Nous remarquons surtout dans les instructions successives qui ont eu lieu et principalement dans celle-ci, l’absence des documents et des faits qu’aurait dû lui fournir en grand nombre l’administration de la police, chargée de la surveillance des sociétés secrètes, d’avoir l’œil ouvert sur leurs manoeuvres, de s’introduire par ses agent confidentiels dans leurs conciliabules. Elle peut seule fournir à la justice les fils propres à la guider dans le labyrinthe de ces intrigues. Nous avons prouvé combien, dans le complot Quénisset, sa mission devait être facile. La conspiration était publique, en quelque sorte. Elle tenait ses séances dans des lieux notoirement suspects et signalés à l’autorité. Elle avait parmi ses adeptes des esprits ignorans,'.faibles, démoralisés. La police a beaucoup d’argent ; les conjurés possédaient un fonds commun de soixante centimes. Ils recevaient avec une grande facilité parmi eux tous ceux qu’on leur présentait. Ils se recrutaient, pour ainsi dire, sur la place publique. Rien d’aisé pour la police comme de s’introduire parmi ces conspirateurs. Elle connaissait les lieux des réunions ; elle possédait les noms des chefs les plus actifs. Tous ces faits sont constatés par le rapport de M. de Bastard. Que la police ait si peu d’intelligence et remplisse si mal ses devoirs,...