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Le Constitutionnel, 1 juillet 1844

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Le Constitutionnel
1 juillet 1844


Extrait du journal

PASSIS , SO JUIN. ENTENTE CORDIALE DES POUVOIRS. 11 ne s'agit pas ici du dehors ni de l'entente cordiale de M. Guizot avec les Anglais; il s'agit de l'intérieur, et de cet admira ble concert, qui, grâceà la direction intelligente du gouvernement, préside aux rapports des ministres entre eux, des chambres entre elles, des ministres avec les chambres, des chambres avec leurs commissions, des commissions avec les ministres, et des commis sions les unes à l'égard des autres. Voilà l'entente cordiale dont nous nous proposons de nous occuper. Jamais le gouvernement représentatif ne présenta chez nous le spectacle d'une pareille confusion ; jamais le concert parlemen taire ne dégénéra en une telle cacophonie, et cela sans que les membres de nos assemblées s'amusent a contrefaire le chant de l'âne et du coq , comme il arrive en Angleterre dans quelquesunes de ces séances dont le Journal des Débats prend soin de re produire le compte-rendu, probablement pour nous montrer que le désordre du parlement est poussé beaucoup moins loin de ce côté du détroit que de l'autre. Chez nous, en effet, la discordance que nous signalons ne réside pas dans des cris bizarres proférés par les députés : elle est dans les faits; ce qui est plus grave. Le concours des pouvoirs est la loi de notre gouvernement ; gouverner par ce concours est l'obligation et l'habileté des cabinets. On proclamait solennellement ces principes sous Charles X. On a bien changé tout cela depuis trois ans. En voici la cause : elle tient à. l'organisation du cabinet. Ce ca binet s'est formé en 1840 pôurun but transitoire qui était triste. En vue de ce but, les membres qui composaient le ministère, issus de tous les partis, ont fait taire leurs dissidences. En vue de ce but, la majorité qui le soutenait à titre provisoire, a fait taire ses antipathies ; ce ministère ne devait être qu'un ministère de tran sition. Il était né pour faire capituler la France devant l'Furope; l'œuvre accomplie, il n'avait plus de raison d'être. Il a survécu cependant à la situation qui l a produit ; mais comment ? En fai sant croire que cette situation durait encore, ou qu'elle renaîtrait s'il n'était plus. La majorité l'a cru, elle a subi M. Guizot à contre cœur, mais elle l'a subi, et là position de ce ministre est telle, que sa force dans la chambre est toute entière dans ses actes de fai blesse au dehors. Plus il s'humilie devant l'étranger , plus il se fait considérer comme nécessaire ; cette opinion étant accréditée près de beaucoup de gens, que toutes ces choses fâcheuses sont indispensables au maintien de la paix, et que M. Guizot est le seul nomme d'état en France capable ae se résigner à les faire. C'est dans cette opinion qu'il puise les conditions de sa durée. En voici les conséquences : Quand une chambre laisse vivre un ministre par de tels motifs, elle s'en veut à elle-même du triste joug qu'elle subit, et elle en veut secrètement au cabinet qui le lui impose. Elle sent le besoin de manifester son indépendance dans toutes les occasions où il ne s'agit pas de ce qu'elle regarde comme la douloureuse nécessité des temps. C'est ce qu'a fait la chambre. Elle a soutenu le cabinet enle contenant quelquefois, sur la question extérieure. Hors de là, elle lui a retiré toute direction et toute influence. Le ministère a accepté le marché, satisfait de vivre sans gouverner; aussi bien n'était-il pas constitué pour diriger les intérêts moraux et matétériels du pays. Sur le premier point, dissidence complète entre les membres du cabinet ; sur le second, nulle connaissance des af faires dans son chef réel. D'où il suit que la direction est passée des mains du ministère dans celles des chambres, et s'est naturel lement transmise des chambres.dans les commissions qui les re présentent. Cette situation devait inévitablement amener une divergence entre les deux branches du pouvoir législatif. C'est au cabinet, in termédiaire naturel de ces pouvoirs, de leur imprimer une même...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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