Extrait du journal

était appelée à régner, ont été accompagnés d'événemens bien étranges, et qui sortent de la: route ordinaire. On s'étonne combien le mal est facile.à faire, quand on pense, qu'une femme; soutenue par la seule force de Son infernal génie, a pu désunir deux époux, subjuguer toute une cour,,et chasser de l'Angleterre une princesse destinée à monter sur un trône occupé jadis par Elisabeth !... Quelle' que soit l'opinion qu'on ait pu prendre de la reine, il faut la plaindre, car elle a été bien infortunée, et la perte de sa fille n'a pas été le moindre de ses malheurs. On est même persuadé que, si elle eût vécu, ce procès n'aurait jamais' eu lieu. ' ' ; , J'étais à Loridres lorsque l'événement de sa mort arriva : ce fut un coup de foudre, car cette jeune princesse était adorée du peuple anglais. Il causa la plus vive sensation dans toutes les classes de la société. Si jeune! si belle! mariée depuis si peu de temps, adorant son mari, dont elle était tendrement aimée,v moUrir au moment où on la croyait hors de danger, perdre au même instant la mère et l'enfant ! le jeune prince de Cobourg en fut inconsolable. ' • Depuis lèur mariage, ils vivaient à Claremoat, daDs leur maison de plai sance, à peu de distance de Londres, et ils n'en sortaient que lorsque l'étiquette les y forçait, ou pour'venir à l'Opéra, caria princesse aimait beaucoup la musiqùé. Le jour de sa mort; a été un deuil général dans la ville, et un deuil de cœur, toutes les boutiques étaient; fermées, sans que l'on en eût donné l'ordre; les personnes des classes les plus obscures étaient en noir. On e«t rarement aimé ainsi sans que de grandes qualités excitent un pareil élan." s To#t est resté depuis dans la chambre de la princesse comme au mo ment où, rentrée,de la promenade# elle s'y était sentie indisposée. Son chàpeau est suspendu à une psyché, sa robe étendue sur un canapé. Dans sa toilette ouverte on voit encore toutes ces bagatelles qui sont les reliques de l'amour cônjugal. ; On a fait son portrait après sa mort; elle a l'air de dormir. Cette jeune ! femme avait conservé toute sa connaissance et s'est vue mourir....