Extrait du journal

amaigrie de dessous son drap pour le tendre vers la jolie visiteuse : Merci d'être venue, dit-elle en regardant Helène pendant que des larmes de joie sillonnaient ses joues et allaient se perdre dans le maigre oreiller qui supportait sa tête. — Oh ! mon Dieu 1 "s'écria la jeune fille en prenant la main qu'on lui tendait et en ' la considérant presque avec ■ effroi, il y a donc bien longtemps que tu es malade, ma pauvre Lilas, pour être devenue si maigreque tu en es presque transparente. — Il y a près de trois mois, dit Lilas; mais nous autres, voyez-vous, avec la vie que nous menons, les trois quarts du chemin sont faits vers la mort; quand la maladie nous arrivo, il no lui reste plus que la der nière main à mettre à son oeuvre; nous som mes tout do suite des moribondes toutes préparées pour être couchées dans le cer cueil. Les épaules blanches d'Hélène eurent un frisson sous son épais cachemire en face de ces deux jeunes filles, belles aussi comme elle était belle, presque de son âge ; car si Lilas avait vingt-quatre ans, l'apprentie pouvait en avoir quinze tout au plus et cela rétablissait l'équilibre : Hélène trembla. C'est si triste de voir souffrir-des êtres jeunes, alors qu'on est jeune soi-même et qu'on ne voudrait croire ni à la douleur, ni à la mort surtout; oh ! la mort, quel af freux tableau pour des yeux do vingt ans ! — Lilas, pourras-tu te lever ? demanda tout à coup Hélène. — Je ne crois pas, dit Lilas, il y a bien longtemps que je ne le tente plus : je laisse rai cette besogne à faire à d'autres dans quelques jours. —Essayons, reprit Hélène, je ne veux pas...