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Le Constitutionnel, 4 juillet 1846

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Le Constitutionnel
4 juillet 1846


Extrait du journal

La Robin, jugeant, à la physionomie de son interlocuteur, qu'il ne se trouVkit pas encore complètement édifié , ajouta : — Yois-tu , Simon, si notre sort était de manger de ces bonnes choses là au lieu de notre pâtée... nous les mange rions; mais puisque nousn'enmangeonspas, ni le maître non plus... c'est donc pas notre sort? — Mais, tonnerre de Dieu!—s'écria le charretier à bout de raisonnement,—à, qui c'est-y donc le sort de les manger, ces bonnes choses? —C'est le sort des gens riches des bourgs et des villes, puis qu'ils les achètent et qu'ils les mangent,—répondit la Robin. — Comme c'est leur sort d'acheter nos veaux, nos moutons, nos bœufs dont nous ne goûtons jamais (1 ). ^ — Hum... — Est-ce vrai? — reprit la Robin triomphante, — oui ou non? mangent-ils tout, et nous rien? — Le vrai est qu'ils mangent tout,—dit le charretier d'un air piteux, après un moment dé réflexion et comme frappé de l'évidente clarté du raisonnement de la Robin, — le vrai est . , ■ qu'ils mangent tout, et nous rien. . —Ils ont donc leur sort, comme nous le nôtre; seulement le leur est bon et le nôtre mauvais; là-dessus, vite, les cuil lers dehors — ajouta la Robin,—mangeons la pâtée, ça sera autant de fait, et un bon débarras. Et chacun s'approcha de la terrine, poussé par un, appétit que tempérait le dégoût; la Robin, assise entre les deux char retiers, paraissait les traiter avec une bienveillance égale ; le petit vacher se tenait en face de la Robin. — Ça vous dégringole lourd et froid dans la panse comme des glaçons fricassés dans la neige, — dit le charretier, en replongeant lentement sa cuiller dans 1a terrine; — moi qui étais transi en rentrant, ça me retransit encore plus. — C'est pas les chiens à M. le comte, qui chassait tantôt dans les bois,qui s'arrangeraient decettepâtée là...aumoins? — fit l'autre charretier. — Vrai, elles sont bien heureuses, bien choyées, ces bêtes-là, — reprit Simon; — l'autre jour, .en allant por ter du foin au château, j'ai regardé, en passant, dans le che nil, maître: Latrace, lepiqueur, leur tremper la soupe... Ah! mais, c'étaient des têtes de mouton, dés tripes, du cœur de bœuf, une vraie soupe dé marié !.....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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