Extrait du journal

Le bon accord qui existe depuis longtemps entre là Russie et l'Allemagne semble n'avoir jamais été aussi solide ment établi qu'en ce moment. La presse officieuse allemande s'est faite la protec trice de la Russie, et «lie met au service de l'Europe un zèle d'autant plus inat tendu qu'il paraît presque sincère. L'Allemagne prend la défense des arméments de la Russie et déclare que la Fuissanee russe est très redoutable, que aimée a atteint un chiffre d'hommes très considérable, que le matériel est bon, que l'argent afflue dans les caisses, et qu'enfin l'intendance n'a jamais été audessous'de sa mission. La conclusion de ces déclaf àtions est facile à tiier^Xa Tur quie a résisté à la Russie. La Russie au moment précis où il aurait fallu entrer en campagne, ne s'est pas sentie assez prête. Elle a hésité. La conséquencè de cette attitude a été grave. La Turquie a tenu tête k la Conférence. EUeferuit s'est répandu en Europe que la Russie était absolument impuissante. C'est contre fce bruit que l'Allemagne proteste par toutes les 'colonnes de sa presse officieuse. La bonne Allemagne semble craindre que la Russie ne se lais se aller au découragement, et ne veuille abandonner la question d'Orient. Aussi elle lui affirmé que son armée est excel lente* que son intendance est la fleur des honnêtes gens, que ses ressources finan cières sont inépuisables, et que l'élan de jBon peuple est invincible. Quant à laTurquîe, elle n'est qu'une ombre grandie par un mirage. Il suffit de vouloir l'attaquer pour qu elle disparaisse. Tels sont les discours que les journaux officieux de l'Allemagne tiennent à la Russie. Ils soufflent sur le feU'mal éteint qui avait allumé en Russie la question d'Orient. Ils semblent en un mot avoir une inquiétude mortelle que les Russes ne se décident à rester tranquilles. Il est bien évident que quand on fait à une nation l'éloge de son armée et l'apo logie de ses ressources financières, ce n'est pas dans le but de l'inciter à la paix. Tyrtée parle des armes et vante la for ce des guerriers. Tibulle chante les char mes de la campagne et les douceurs du foyer. Si donc les Allemands s'efforcent Ue faire passer dans l'âme des Russes une confiance immodérée dans leurs propres forces, ce n'est pas pour les calmer et les décider à déposer les armes. Est-ce donc dans l'intérêt même de la Russie que l'Allemagne vanta l'excellen ce de l'organisation russe? Est-ce pour lui faciliter une entrée en lice brillante ? qui le croirait? Depuis que les négociations relatives à la question d'Orient sont ou vertes, nous n'avons pas varié d'opinion, et nous avons sans cesse repété que l'Al lemagne seule aurait avantage â ce que la guerre eût lieu en Orient, parce que l'engagement de la Russie dans une campagne longue et difficile rendrait pour un temps l'Allemagne maîtresse de l'Europe. Récemment nous faisions appel à la modération de la Russie. Nous lui mon trions le danger qu'elle allait courir en se jetant sur la Turquie, au moment où l'Allemagne reposée, prête à la guerre, cherche de l'œil en Europe, la proie sur laquelle elle se jettera pour calmer ses appétits violents.J • Dans les campagnes, quand une louve affamée ravage les troupeaux, les bergers font le guet, prêts à se porter mutuelle-...