Extrait du journal

couleur violacée. Nous sommes bien loin de l'effet simple et fort des grandes fresques du Vatican. L'esquisse du même peintre, Anacréon entouré de jeunes filles qui lui présentent des coupes et des fleurs, n'annonce pas davantage un talent des tiné à quelque célébrité. Les deux plus forts de l'école de Rome sont M. Damery , élève de seconde année , et M. Brisset, qui a fini son temps. M. Damery avait envoyé I année dernière, pour son début, une figure ae jeune' garçon couché au milieu d'un paysage, et nous avions bien présagé de son avenir. Aujour d'hui , nous ne craignons pas d'apurer que M; Damery sera un peintre très distingué. Il appar tient, comme M. Airaury Duval, au système de M. Ingres; mais il a pourtant, comme le premier, une-certaine indépendance de son maître, et une façon personnelle de regarder la nature. Il a beaucoup ae précision, de finesse et d'é?vergie dans le caractère de son dessin , de, l'élégance dans la tournure, et un véritable sentiment de la beauté. II a peint, cette année , un jeune homme nu, de grandeur naturelle, avançant son pied sur un ruisseau, et se retenant de ses deux mains à un tronc d'arbre. Les grandes lignes de celte svelte figure sont correctement arrêtées , et le modelé intérieur très ferme. Les extrémités sont fines , gracieuses et bien vivantes. La petite main droite qui se crispe contré l'arbre est on ne peut plus spirituelle. M. Damery comprend bien la nature et en même temps la statuaire grecque dans ses adorables créations des Apollon, des Castor et Pollux , ét de tous-les types qui symbolisent la jeunesse. • M. Brisset a composé, cette année, un grand tableau avec une douzaine de personnages : Saint Laurent, sommé de livrer au gouverneur de Rome, Valérien, les trésors de son église, lui présente les pauvres et les infirmes dont l'église prenait soin. Le saint et le gouverneur sont debout sur les marches du temple, et autour d'eux, à droite et à gauche, sur les degrés inférieurs, se groupent les pauvres malades. On remarque surtout la vieille mère assise à -droite, tenant sur ses genoux une jeune fille mourante, dont le pâle visage est plein de sentiment; et à gauche une grande femme qui porte entre ses bras un nouveau-né. Il y a en même temps quelque influence de Léopold Robert et de M. Ingres dans cette belle composition. On peut reprocher seulement à l'auteur des attitudes...