Extrait du journal
Le plus âgé des deux nouveaux cliens de Bruyère parais sait triste. Son fils, homme de quarante ans environ, qui l'ac compagnait, semblait aussi grandement soucieux. La pauvre femme les laissa tous deux avec Bruyère, dont elle s'éloigna quelque peu, ainsi que maître Chouart, l'heureux métayer, possesseur d'une si belle récolte, grâce aux bons avis de la jeune fille. — Que voulez-vous de moi, mon bon père? — demanda celle-ci au vieillard d'une voix affectueuse et douce. — Ma chère petite sainte, — s'écria le vieillard, tâchant d'exprimer par cette appellation l'espèce de respect et de con fiance que lui inspirait le renom de Bruyère — ma chère petite sainte, je viens pour que vous disiez des paroles contre notre terre delabour de l'autre côté du val. C'est lassant, à la fin... Depuis tantôt dix ans que j'en ai hérité d'un mien on cle, la récolte va s'amoindrissant, que c'est pitié ; on croirait qu'une année empire l'autre... les dernières étaient déjà bien mauvaises ; l'autre et celle-ci sont encore plus méchantes... Sur vingt arpens de froment,... qu'est-ce que j'ai récolté? à peine cinquante setiers. Quelle moisson 1... des demi épis... et si clairs et si chétifs!.. Autant dire que ça m'aura produit semence pour semence... Ah! maudite sois-tu, terre ingrate! — s'écria le vieillkrd en frappant du pied avec désespoir. — Oh! le père a bien raison, —dit le fils, —tout va de mal en pis. Maudite soit la terre si ingrate au pauvre labou reur !.. Maudite soit la terre si maligne et si revêche ! En entendant ces imprécations contre le miuvais vouloir de la terre, le charmant visage de Bruyère prit soudain une expression de tristesse et d'affliction, comme si elle avait en tendu outrager injustement'quelqu'un qui lui eût été cher et sacré. S'àdresgant au vieillard avec un accent de doux repro che mêlé d'une certaine exaltation, qui donna à sa beauté un rare caractère d'élévation ; . —Oh! respectez, aimez, bénissez la terre du bon Dieu! mère généreuse, infatigable ; pour un grain ne rend-elle pas dix épis? pour une glandée une forêt de chênes ? Toujours ou vert, son sein est prêt à tout féconder, depuis la graine que le vent sème, depuis le noyau du fruit tombant du bec des oi seaux, jusqu'à la semence que vous répandez dans vos sillons. Oh! non, non, jamais la terre n'est ingrate; si, à la longue, elle s'appauvrit, si elle s'épuise, la pauvre nourricière! c'est qu'en mère prodigue, toujours elle a donné au-dessus de ses forces, parce que toujours on lui a demandé sans trêve ni re pos... Oh! terre! terre sainte et bénie ! quand, selon la loi du...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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