Extrait du journal

de gracieuses arabesques, des grecques capricieuses, des oiseaux, des animaux élégans et de forme réduite, des fruits isolés ou groupés, des fleurs semées, des bouquets, des feuillages, des fougères, mille plantes de formes variées et des coquillages do choix. Mon Dieu ! pour orner des tissus, on va chercher et prendre tout ce que nos pères ont sculpté sur le bois et la pierre; pourquoi ne pas interroger la naturo? L'histoire naturelle a des trésors inépuisables ; nos serres regorgent aujourd'hui de végétaux charmans que personne ne - s'avise d'étudier au point de vue de l'ornementation. Serons-nous donc les éternels copistes du passé? Mettrons-nous perpétuellement des cathédrales sur un canon de fusil, des obélisques sur des assiettes, et un tournoi de burgraves sur nos mouchoirs de poche ? . La Franco est entrée fert tard dans la fabrication du linge damassé; elle s'est long-temps contentée de l'ouvré qu'elle fait encore délicieuse ment aujourd'hui, et qui a bien son mérite quand on le traite avec goût. On essaya le damassé il y a une vingtaine d'années ; en 1827, deux ou trois fabricans n'exposaient encore que du linge très médiocre, et le plus heureux fabricant n'obtint qu'une simple mention honorable. Mais les perfectionnemens do la Jacquart, cette admirable machine qui a révolutionnél industrie des tissus; la filature mécanique du lin, la demande plus fréquente, inspirée par plus d'aisance générale, stimulèrent cette ingénieuse industrie qui s'est élancée bientôt à une grande hauteur. Les premiers damassés français, plucheux à l'état neuf, plus encore que le linge allemand quand il est neuf, coûtaient horriblement cher , mais duraient long-temps. Aujourd'hui, c'est à peu près en sens inverse que se passent trop souvent les choses. Neuf et bien apprêté, notre linge est magnifique : peut-être dure-t-il moins, desmédisans l'affirment et attri buent cette infirmité à la filature mécanique toute moderne. Les beaux filés mécaniques donnent de prime abord un tissu plus net, un satin plus brillant; on peut en juger parles produits decetteexposition, comparés à ceux do 1839; mais, à'Ia mécanique, le lin cuit littéralement dans un bain d'eau à 80 degrés', le filament prend de la souplesse aux dépens de la force, il perd de bonne heure son energie pour tomber prématuré ment en décrépitude. Si la mécanique parvient à filer à froid, comme on a tout lieu de l'espérer, la solidité ancienne unie à l'élégance actuelle fera du linge damassé un tissu véritablement accompli. ; Le nombre des fabriques augmente, ce qui semblerait prouver qu'on fait bien ses atlaires dans cette industrie. Il faut nous en féliciter : d'a bord, la prospérité des travailleurs est un bien pour le pays; ensuite elle entraine des diminutions nécessaires dans le prix de vente, et les protections douanières deviennent inutiles. On tisse aujourd'hui des lins damasses près de Paris, on Flandre, dans le Béarn, la Picardie, la Bretagne, l'Alsacs et la Franche-Comte. Les fabriques de Flandre pa raissent le mieux posées; le lin y est superbe, et Lille est le premier marché de France pour les fils. Vous supposez bien que nos^' exposans n'indiquent aucun pris sur...