Extrait du journal
LES COURONNES DE 5 MAI L'enlèvement des couronnes déposées au pied de la colonne Vendôme continue à juste titre à passionner non seulement les bonapartistes, mais aussi les gens sen sés pour qui l'équité et la justice, à dé faut de la tolérance qui n'a que faire en la circonstance, doivent être la règle qui préside aux décisions de l'autorité. Mentionnons que hier encore des agents ' montaient la faction au pied de la statue de Jeanne d'Ara entourée de couronnes et au bas de la colonne où il n'y a plus rien. Il n'y avait pas d'agent à, la statue de Gambetta qui d'ailleurs n'a pas été vi sitée depuis assez longtemps. L'opinion de la police Un de nos confrères de l'Eclair est allé se renseigner à la préfecture de police,Nous citerons "textuellement la spécieuse et singulière argumentation avec laquelle on tente de justifier ce prodigieux et par tial abus d'autorité. — Jamais il n'est entré dans les vues du gouvernement de s'opposer à la prati que de cette sorte de culte qui s'est établi à Paris dépuis vingt-quatre ans autour de la statue de Strasbourg* Pas plus du reste qu'on ne serait opposé à des visites • isolées faites au bronze de la place Ven dôme à l'occasion de l'anniversaire de Napoléon, si ces visites n'avaient conti nué le leildemain au point de devenir de véritables manifestations dont le carac tère politique n'était pas niable. La colonne Vendôme a été élevée à la gloire des armées de l'Empire,plutôt qu'à la gloire personnelle de Napoléon ; le gouvernement avait donc donné ordre au préfet de police de « laisser faire » pour le 6 mai, mais comme on semblait vouloir perpétuer ce petit pèlerinage, en apportant chaque jour de nouvelles cou ronnes et de nouveaux bouquets, la po lice a reçu l'ordre de tout enlever. C'est le directeur de la police munici pale, M. Gaillot,qui a été chargé de cette besogne, et non M. Fédèe, comme on l'a dit à tort. . Les couronnes ont été transportées au commissariat du quartier et les plantons placés au pied de la colonne ont reçu pour consigne d'empêcher tout dépôt nouveau, de quelque nature qu'il soit.En outre, les personnes qui réclameraient les couronnes enlevées les jours précé dents étaient informées qu'elles étaient à leur disposition au commissariat, où elles pouvaient les réclamer dans. le délai "de cinq jours. Passé ce temps,on en dispose rait suivant los nécessités. La colonne Vendôme, nous dit-on en core, à aucune époque, n'a été le but d'un pèlerinage, sauf pour les « vieux de la vieille » qui y venaient chaque année ap porter une couronne. C'était une piété particulière. Les vieux débris sont finis et le pèlerinage est sans objet Donc à présent, des visites isolées,tant qu'on voudra, le 6 mai seulement, qui est le jour traditionnel des anciens soldats de l'empire. Mais des manifestations par groupes pouvant troubler la circulation et la tranquillité publique, jamais nous ne le souffrirons l Telle est l'opinion que nous recueillons dans les divers services de la préfecture de police. Il en sera de même pour la statue de Jeanne d'Arc ; le 8 mai, toute visite et dépôt de couronnes y étaient tolérés,mais on ne permettra pas que les manifesta tions se prolongent les jours suivants, ni que l'harmonie du monument soit com promise par le dépôt d'emblèmes ou de couronnes de proportions démesurées, pas plus place des Pyramides,que place Ven dôme ou place du Carrousel. Si la police a enlevé le ruban de la couronne qui portait én exergue « La Jeunesse roya liste à Jeanne d'Arc » et laissé la cou ronne dont l'inscription était « La Jeu nesse catholique à Jeanne d'Arc » , c'est que le mot « royaliste » est séditieux et que celui de « catholique ». ne saurait l'être dans un pays qui jouit du Concor* dat,...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - massing
- franco
- napoléon
- toussaint
- francke
- lormier
- pausanias
- g. rousseau
- lechat
- wescher
- paris
- delphes
- espagne
- france
- beausoleil
- athènes
- angleterre
- vienne
- londres
- hongrie
- crédit foncier
- société archéologique
- parlement
- jeunes femmes
- palais du trocadéro
- école polytechnique
- banque nationale
- transatlantique
- crédit lyonnais
- suez