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Le Constitutionnel, 15 juillet 1846

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Le Constitutionnel
15 juillet 1846


Extrait du journal

On a dit avec raison que presque toujours les gouvernemens périssent par l'excès même du principe qui les a fait naître et grandir. Ajoutons quela faute n'est pas tout entière aux gouvernemens qui succombent ainsi dansl'in,fatuation de leur puissance. Les nations ont leur part dans les torts et dans les malheurs de ceux qui les gouvernent, quand elles ne savent point résister à l'entraînement fu neste du pouvoir, quand elles s'abandonnent par découragement, ou se laissent emporter par un instinct déplorable d'imitation et de servitude, sur la pente même où leur gou vernement se précipite. Il valait mieux, dès l'origine, entourer l'Empire de moins de complaisances et de flatterie, que de déserter ensuite sa cause en même temps que la fortune, et de voir périr avec lui la grandeur de la France. Il vaut mieux résister aujourd'hui aux folies de la paix, aux enivremens du pouvoir personnel,' aux bassesses de la peur, au débordement de la corruption, que d'avoir un jour à vaincre ou à subir quelque réaction révolutionnaire. Voilà ce que nous disons au pays. Nous croyons que l'expérience des fautes commises, et l'influence des institutions libres, ont rendu notre nation moins inattentive etmoinslégère. Nous voyons s'organiser partout la résistance aux mauvaises tendances du pouvoir; nous avons confiance dans la résolution que vont prendre les électeurs. Mais nous croirions manquer nous-mêmes à notre devoir, si nous nous endormions dans cette confiance. Chaque jour nous rappelons aux électeurs quel avenir ferait à la France notre gouvernement, s'il sortait victorieux de cette lutte, et si les ci toyens, par un aveuglement funeste, nel'arrêtaient pas dans la voie où il est engagé. Nos adversaires se disent défenseurs de l'ordre et delà paix. Ils ne disent pasla vérité. Us savent bien que ni l'ordre ni la paix ne sont en péril. 11 y a deux raisons pour cela. Premièrement, l'opposition, qu'on résume et qu'on injurie bassement dans la personne de M. Thiers l'un de ses chefs, aime l'ordre* public et sait le maintenir autant que pas un de ces ouvriers de la dernière heure, qui déclament aujourd'hui contre les factions, après la lutte. L'opposition veut la paix sans lâcheté, comme elle veut l'ordre sans réaction. Elle est convaincue que la paix est plus compromise par la politique de l'indemnité Pritchard, qu'elle ne le serait par une politi que plus ferme et plus digne. Secondement, dans l'état présent des esprits et des mœurs, de la fortune publique et des fortunes privées, ce qui est à craindre, ce n'est pas l'ardeur excessive des innovations et des entreprises politiques, c'est plutôt l'ex cès contraire. L'ordre et la paix ont été l'objet des pre miers efforts du gouvernement; aujourd'hui, l'un et l'autre sont exploités par un parti, par une coterie. C'est là le pas qu'on a fait. Nous...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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