Extrait du journal
ou d'une autre. — Je l'aime, s'écria Mme Rigaud. — C'est bien, dit le notaire, ce mot répond à tout. L'amour fait faire des sottises depuis le commencement du monde, il faut que tu paies ta dette... et ce M. le comte est, sans doute, aussi riche que noble... — Il n'a rien, répondit Mme Rigaud avec la fermeté qui lui était ha bituelle; à peine si l'habit qu'il porte lui appartient, il n'a jamais couché sous un toit qui fût à lui; seul parmi ceux de son nom et de sa parenté, il ne possède rièn. — Et il a osé, dit lé notaire, demander la main d'une des plus riches veuves de France? — Lui, du tout, Monsieur, mais il m'aime, je le sais, j'en suis sûre; la délicatesse seule l'empêche de parler; sans cela.. Le notaire vit que le cœur de la belle veuve était pris; peut-être aus si pensa-t-il que , riche au-delà de ses désirs, elle était devenue ambi tieuse et qu'elle brûlait d'envie d'être comtesse, faute d'avoir autre chose à désirer. Il la regarda comme perdue, et, voulant au moins sauver sa fortune du naufrage qui la menaçait : —Hortense, lui dit-il, puisque tu veux épouser ce M. de Chastelux, tu l'épouseras... je n'ai nul moyen de m'y opposer. Il est bien vrai que ton père, en mourant, t'a confiée à moi, mais je dois avouer que mes obligations ne. regardent que ta fortune, à laquelle j'ai promis de veiller, et que je ri'ai aucun droit sur tes inclinations. Je feraj donc ton contrat de mariage. , — C'est pour cela, mon bon Monsieur Durand, que je vous ai prié de vouloir bien me faire une visite. Je suis bien fâché de te déplaire, poursuivit le vieillard d'un ton paternel, mais rien rie m'otera de la tête que cet homme aime plus ton argent que toi. t — Monsieur. — Oui, tu es belle, jeune, je connais peu dé femmes qui te vaillent, et cependant je crois... pardonne, cela vient peut-être de mon âge, qui ne fait pas une assez large part aux passions de la jeunesse, je crois que si tu étais pauvre ou seulement dans la médiocrité, M. de Chastelux ne t'épouserait pas... il épouse ta fortune. . — Monsieur! s'écria la veuve, que les paroles du vieillard blessaient jusqu'au fond du cœur. — Eh bien ! reprit le notaire, ta fortune , il faut la garder; jM. de Chastelux n'a rien, il n'a droit de rien exiger... Tu auras des enfans, sans doute, tu leur dois l'héritage maternel... Pourquoi te dépouiller? M. de Chastelux sera trop hsureux de jouir de tes revenus. ■...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - rigaud
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