Extrait du journal

les senlimens égoïstes et lâches pour les con jurer contre elle. Le programme de l'opposition, comme tou tes les choses vraies, peut être réduit à une formule très simple, et il ressort tellement de la situation des affaires, de la conduite du ministère et des faits auxquels nous assistons depuis cinq ans, qu'il est presque devenu un lieu commun. L'opposition veut et propose aux collèges électoraux, d'assurer par leurs votes, trois choses qui renferment toute sa politique : elle veut la dignité dans la politique extérieure; la probité dans la politique intérieure; le dé veloppement progressif et régulier de nos ins titutions". La dignité dans la politique extérieure con siste à ne s'engager dans aucune affaire sans en peser toutes les conséquences, sans avoir la résolution inébranlable d'accomplir avec fermeté des desseins conçus avec prudence. L'opposition ne peut dire ce qu'elle ferait dans des conjonctures qui ne sont pas encore nées ; mais elle sait ce qu'elle n'aurait pas fait dans celles qui se sont succédé depuis cinq ans. Ainsi, pour prendie des exemples qu'on nous force à reproduire et que le pays n'a point oubliés, la politique qui s'est hâtée de rentrer dans le concert européen, comme par grâce, sans obtenir aucune garantie, au cune concession, n'est pas une politique digne, et l'opposition ne l'aurait pas suivie; la poli tique qui a signé l'extension du droit de visite et qui s'est désavouée elle-même, qui a négo cié malgré elle la révocation de traités qu'elle approuvait^ n'est pas une politique digne, et l'opposition ne l'aurait pas suivie. La politi que qui a désavoué un agent de la France, qui a stipulé une indemnité au profit d'un fauteur de sédition dont les menées avait fait couler le sang de nos concitoyens; qui a signé -le traité du Maroc, sans réclamer aucune indemnité pour la France, sans prendre aucune sûreté contre Abd-el-Kàder, n'est pas une politique digne, et l'opposition ne l'aurait pas suivie. L'opposition vent la paix ; à ses yeux, la paix est nécessaire aux progrès de l'humanité, aux développemens de la liberté dans le monde; la compromettre par des faiblesses ou des témérités est un cri me ; mais l'opposition croirait compromettre la paix en encourageant les prétentions des puissances, à tout exiger de nous; la paix deviendrait bientôt, en effet, suspecte et presque odieuse aux amis ombrageux de l'honneur national. L'opposition considère l'alliance avec l'Angleterre comme une garan tie de la paix; mais, pour elle, cette alliance est d'autant plus solide, qu'elle reposera sur des bases plus équitables, et elle saisirait avec empressement les occasions de la cimenter par des efforts tentés en commun en vue d'as surer le repos du monde ou la stabilité des trônes constitutionnels. Enfin elle pense que la première garantie de la paix est dans une organisation régulière et permanente des for ces publiques. Elle ne s'attacherait point à rendre le pays impuissant, de peur qu'il ne sentît trop vivement une ipjure reçue; elle voudrait que la dignité de sa politique eût pour base et pour soutien une marine puis sante par le nombre des vaisseaux et des hommes, une armée appuyée sur un système de réserve qui conciliât l'intérêt des finances avec celui de la défense nationale, et enfin l'armement complet des côtes. Poursuivant ce but avec persévérance, elle saurait l'at teindre sans engager la fortune publique, et rendrait ainsi la paix d'autant plus sûre, que la guerre serait plus redoutable à l'ennemi. Le second objet que l'opposition poursuit...