Extrait du journal
— Cher Monsieur David, je serai, si vous le voulez bien, l'un et l'autre dans cette occasion; espion pour vous, faire pendre, et bouffon pour en rire. — Me faire pendre ! — Haut et court, Monsieur. Vous n'avez pas la pré tention d'être décapité, j'espère,-c'est bon pour les gen tilshommes. — Et comment vous y prendrez-vous pour cela ? — Oh I ce sera bien simple, je raconterai la vérité, voilà tout. 11 faut vous dire, cher Monsieur David, que j'ai assisté Je mois passé à ce petit conciliabule tenu dans le couvent de Sainte Geneviève, entre LL. SS. MM. de Guise et Mme de Montpensier. Vous? — Oui, j'étais logé dans le confessionnal en face du vôtre ; on y est fort mal, n'est-ce pas? D'autant plus mal, pour mon compte du moins, que j'ai été obligé, pour en sortir, d'attendre que tout fût fini, et que la chose a été fort longue à se terminer. J'ai donc assisté aux discours de M. de Monsoreau, de maître la Hurière et d'un certain moine dont j'ai oublié le nom, mais qui m'a paru fort éloquent. Je connais l'affaire du couronnement de M: d'Anjou qui a été moins amu sante ; mais en échange la petite pièce a été drôle ; on jouait la généalogie de MM. de Lorraine, revue, aug mentée et corrigée par maître .Nicolas David. C'était une fort drôle de pièce à laquelle il ne manquait plus que le visa de sa sainteté. — Ah ! vous connaissez la généalogie? dit David se contenant à peine et mordant ses lèvres avec colère. ' — Oui, dit Chicot, et je l'ai trouvée infiniment in génieuse, surtout à l'endroit de la loi salique. Seule ment c'est un grand malheur d'avoir tant d esprit que cela : on se fait pendre ; aussi, me sentant ému d un tendre intérêt pour un homme si ingénieux, comment? me suis-je dit, je laisserais pendre ce brave Monsieur David, un maître d'armes très agréable, un avocat de première force, un de mes bons amis, enfin, et cela quand je puis au contraire non-seulement lui sauver la corde, mais encore faire sa fortune; ce brave avocat, ce bon maître, cet excellent ami, le premier qui m'ait donné la mesure de mon cœur en prenant la mesure de mon dos ; non, cela ne sera pas. Alors, vous ayant entendu parler de voyage, j'ai pris la résolution,"rien...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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