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Le Constitutionnel, 19 septembre 1843

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Le Constitutionnel
19 septembre 1843


Extrait du journal

La comtesse devait trouver à Paris des domestiques pour la, servir, elle n'avait donc pris avec elle que sa femme de chambré, et loin que ce tiers l'enipêchât dè se livrer avec son cousin à.uns causerie intime, elle, affecta au contraire • de parler aussi librement que si elle eût été tête à tête avec M.. Joannot, tellement elle était jalouse de prouver à tous que le seul homme qui eût à exiger d'elle quelque sentiment secret, quelque mystérieux aveu, c'était son mari. Après s'être informée avec anxiété de la maladie du nptaire Durand et des chances de salut qu'elle présentait, ■— Félix, lui dit-elle, quand vous avez quitté la France vous étiez p*uvre, votre départ m'a même empêché de faire une chose qui vous au rait enrichi, et dont il est inutile de parler maintenant; dites-moi si votre voyage a été heureux, parlez .franchement, je me souviens tou jours de notre amitié d'enfance, je suis riche, et si la fortune .vous a été contraire, vous pouvez vous adressera moi sans crainte. — Hortense, lui répondit Félix, tout a été au-delà de mes souhaits et de mes prévisions; il paraît que dans la famille nous ne pouvons pas rester pauvres ; le hasard, car c'est lui qui dans ce monde amène l'argent dans' nos mains ou l'en éloigne, m'a fait faire, une fortune inespérée ; et vous, Hortense, vous, dont la vie. a commencé sous des auspices si favo rables, (ètes-vous heureuse ? - . — Au delà de toute expression , dit la comtesse ; vous croyez peutêtre que, placée comme je l'étais , il ne me manquait qu'un titre et un beau nom , et que je suis fière aujourd'hui d'avoir l'un et l'autre ; dé trompez-vous : si dans ma nouvelle position quelque chose, me déplaît, si quelque chose n'est pas conforme à mes goûts ou dépasse mes désirs, c'est que je suis comtesse , c'est que je porte un nom remarquable; mais c'est .là le pli d'une feuille de rose, et à la façon dont la famille de Ghastelu* m'a accueillie, il y aurait de l'injustice à m'en plaindre : ce que je voulais, Félix, c'est un amour mutuel, un mari qui me rendît la pas sion que j'ai pour lui, et ce mari, je l'ai trouvé. Adolphe, m'aime et il m'aimera toujours.. Il n'a pas pris garde à ma naissance, il n'a pas son gé à ma fortune ,,il m'a épousé parce qu'il m'aimait, et moi qui main tenant le connais, qui ai le secret de son caractère franc et ouvert, je suis sûre de ses sentimens ; vous savez qu'une femme ne $e trompe pas sur l'amour qu'elle inspire; Adolphe m'aime, mon cher. Félix, et puisque c'est à cela que tient mon bonheur, je suis la plus heureuse des femmes....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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