Extrait du journal
UN; GRAND HOMME DE PROVINCE A PARIS. . PAR M. DE BALZAC. ' Peu s'en faut que ce livre ne soit devenu une arène ouverte à des cham pions passionnés. On s'y était donné rendez-vous naguères pour rompre line lance soit en faveur de la presse, soit contre la presse, et la chaleur du tournoi ne semblait admettre ni les opinions tièdes, ni les concours condi tionnels. Il fallait adopter d'emblée la célèbre définition d'Esope à propos de 'la langue : tout bon ou tout mauvais. D'une part, on ne tenait compte que du mal; d'autre part, que du bien. Le rôle des neutres devenait difficile. Aujourd'hui, ce bruit s'est amorti. Ceux qui avaient frappé le plus fort commencent à se convaincre que la presse en réchappera ; et, comme ils sont bons princes au fond , ils vont jusqu'à se téjouir de ne l'avoir point tuée. On mord sa nourrice, mais on s'arrête au premier sang. Si elle mou rait, on en souffrirait des premiers. Qui ne lui doit pas quelque chose , à ■celle expellente mère, que l'on nomme la presse? Que de petits monstres, que de petits ingrats, n'a-l-elle. pas réchauffés dans son sein? Qui oserait, parmi ceux qui tiennent une plume , prétendre qu'ils ne sont pas ses obli gés f Ceux qu'elle n'a pas poussés.par l'éloge , elle les a popularisés par le sarcasme, célébrité qui a aussi sa valeur. Ses formes ,' si agressives qu'elles ■soient, sont encore un bienfait. Quand elle veut écraser, elle a une arme bien plus sûre, le silence. Le talent même n'en triomphe pas, et il triomphe •de l'ironie. . La presse n'a qu'un ennemi dangereux, c'est elle-même. Il en est,d'elle comme de tous les grands pouvoirs qui exercent un empire facile : elle a besoin de se contrôler, de se surveiller sans relâche. Armée d'une influence presque discrétionnaire, n'ayant d'autre responsabilité que celle de sa conscience, elle conservera celte position, mais à la charge de n'en poinî abuser. Les coups de canon n'ont pu la démolir ; les coups d'épingles n'y feront pas davantage. La presse li'a pas vaincu la censure et les or donnances de juillet pour venir expirer, sous les chiquenaudes, de M. de Balzac. Elle ne sait pas même se fâcher de ces boutades d'un homme d'es...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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