Extrait du journal

résistance. Les dangers évanouis, la tranquillité une fois solidement établie, il convenait de faire désormais la part de la liberté et du progrès. Le gouvernement voulut au contraire exploi ter des frayeurs sans objet au profit de la réaction. M. Ganneron alors, iidèleàses con victions, aux antécédens de toute sa vie, aux instincts de tous les patriotes, n'hésita point entre ses principes et le gouvernement et en tra dans l'opposition constitutionnelle. Il y, a ; persévéré jusqu'au dernier jour , regrettant de voir le pouvoir s'engager dans une voie funeste ettenterpar la ruse et la fraude ce que la Restauration a essayé d'accomplir par la force ouverte; mais sincèrement attaché au: régime représentatif, plein de confiance dans l'avenir de la liberté, attendant tout de la loi comme en 1829, décidé à faire tout pour elle comme en 1850, si celte douloureuse épreuve était à recommencer. Ces sentimens de regret et d'espoir, de dégoût du présent, et de foi dans l'avenir, cette tris tesse exempte de découragement, mais non d'inquiétude, cette appréhension d'épreuves nouvelles que la conscience du devoirnerend pas moins douloureuses , ne sont-ce pas là les sentimens qui animent aujourd'hui la sa ge démocratie en présence du spectacle dont nous sommes témoins? . . Nous n'avons pas besoin de rappeler les immenses services que M. Ganneron a ren dus au commerce parisien, et dont celui-ci s'est toujours montré reconnaissant envers l'homme de bien auquel il en était redevable. Négociant éclairé, se souvenant de son origine et de ses travaux, il était toujours disposé à favoriser les-efforts d'autrui, aies seconder par la plus généreuse assistance. Le souci de ses intérêts matériels ne l'a jamais détourné de la ligne de conduite qu'il avait adoptée par conviction, et n'a fait concevoir à personne l'idée que rien autre chose que sa conscience guidait ses actes et ses votes : il avait l'estime et l'affection de tous les partis. Ce sera l'honneur de M. Ganneron d'avoir été toute sa vie le représentant fidèle de la portion sincèrement libérale de la nation ; d'avoir été l'organe loyal et consciencieux de tous les sentimens honnêtes , modérés, pa triotiques de la démocratie française ; si bien que sa vie personnelle peut être présentée comme l'histoire de cette démocratie. • Il a toujours été pour l'ordre quand l'or dre était menacé , pour la liberté quand elle était attaquée ; il a toujours été du parti du danger et des honnêtes gens. Sa vie privée comme sa vie politique a été sans tache , et par le temps où nous sommes, ce n'est point un éloge ni médiocre ni commun., que celui, de parfait honnête homme et de bon citoyen....