Extrait du journal
Il s'est produit hier "à la Chambre un Incident qui provoquera l'ironie des uns et l'indignation des autres, et ces com mentaires ne laisseront pas d'être déso bligeants pour la République. M. Paul Bert avait eu l'idée, assez saugrenue d'ail-' leurs, comme toutes celles qui éclosent dans ce eerveau brouillé, d'interpeller le gouvernement sur la propagation du choléra) et le développement de cette In terpellation n'avait été qu'une réclame pour les corps savants dont il est ou croit être le plus bel ornement. Personne, du reste> ne s'était Intéressé à son prospectus et la Chambre, fort rare sur ses bancs, se s'était pas retenue de lui témoigner de la façon la moins discrète l'exaspérant ennui dont iU'aocablait. Ce mortel débat durait depuis trois heures, lorsque M. Clémenceau prit la parole, à son tour, et commença, de sa voix stridente et sèche, à démolir et les corps savants qu'il traite de mandarinats, et M. Paul Bert lui-même qu'il appela médecin de Molière. Il y a de cela, dans son cas, si ce n'est que Molière égayait sa médecine de saillies immortelles, tandis que M. Paul Bert est uniformément lu gubre. — Les médecins ne savent rien du choléra» dit M.,Clémenceau, et les corps savants se moquent de nous. En attendant, l'épidémie continue son œuvre Sinistré dans les villes infectées. Pourquoi? Parce que les lois de l'hygiène y sont indigne ment méconnues ou violée.Eh bien 1 nous allons regarder cela de plus près. Je pro pose qu'on nomme une commission de onze membres qui sera chargée d'aller visiter les foyers d'infection dans les villes contaminées, et de faire un rapport sur les mesures qu'il convient de prendre pour vainore le fléau là-bas, et l'empêsher de se répandre ailleurs. La proposition de M. Clémenceau était absurde dans son objet. Onze députés se promenant d'Arles à Marseille et de Mar seille à Toulon, n'auraient pas diminué d'un microbe la puissance du choléra.- Ils auraient vu des vices d'hyglèûe qu'on a dès longtemps dénoncés, dénoncé des foyers d'infection que tout le monde oonnaît, et conseillé des mesures que tout le inonde a déjà recommandées. Mais, à un autre point de vue, cette délégation pouvait n'être pas sans effet. Il ne sera jamais inu tile d'enseigner aux populations affolées et tremblantes le calme,, le sang-froid, le courage et le dévouement. C'était le rôle que tenait le pouvoir dans les grandes épidémies d'autrefois, et l'on sait avec quel courage tranquille, quel dévouement intrépide l'empereur et l'impératrice s'en étaient acquittés. On ne peut décemment comparer à ces grands exemples l'échappée de nos trois minis tres, qui ont couru de Marseille à Toulon et de Toulon à Marseille, sans s'arrêter, sans respirer, comme s'ils avalent senti toute une armée de microbes sur leurs...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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